Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours à
Vous sans se voir exaucé.
Pour connaître pleinement en quoi consiste l'accroissement signifié par le
nom de Joseph et dont nous avons parlé plus haut, il sera opportun de rapporter
ici les paroles de bénédictions prononcées par le patriarche Jacob par rapport
à son fils Joseph, et de voir comment ces bénédictions se sont vérifiées dans
le cas du saint Epoux de Marie.
Dans le livre de la Genèse, nous lisons que Jacob, sur le point de mourir,
après avoir, par ces mots[78]: « Les filles ont
couru sur les murs », fait allusion à la beauté spirituelle de saint
Joseph, ajouta [79]: e Mais ils l'ont
irrité, ils l'ont querellé, et ils lui ont porté envie, eux qui avaient des
dards. Son arc s'est appuyé sur le fort; les liens de ses bras et de ses mains
ont été brisés par les mains du puissant de Jacob : de là il est sorti le
pasteur, pierre d'Israël. Le Dieu de ton père sera ton soutien, et le
Tout-Puissant te bénira des bénédictions célestes d'en haut, des bénédictions
de l'abîme qui est en bas, des bénédictions de mamelles et de sein. Les
bénédictions de ton père seront fortifiées par les bénédictions de ses pères
jusqu'à ce que vienne le désir des collines éternelles; qu'elles se répandent
sur la tête de Joseph et sur la tête de celui qui est nazaréen entre ses
frères. »
Ce discours, comme on le voit, a trois parties bien distinctes : dans
la première, la vie future de saint Joseph est décrite dans ses lignes
générales; dans la seconde, les bénédictions dont il fut enrichi sont
particulièrement annoncées; dans la troisième, on rappelle l'abondance de ces
bénédictions.
En premier lieu, disons-nous, nous voyons décrite, dans ce passage, la vie
de l'ancien et du nouveau Joseph; les persécutions qu'ils devaient subir, de la
part d'hommes impies, et la confiance entière que l'un et l'autre mettraient
dans le secours du Dieu fort, du Dieu de Jacob, qui devait leur accorder la
délivrance, afin qu'ils pussent, chacun de son côté, remplir fidèlement
l'office qui leur avait été confié, de nourrir et de gouverner - celui-là le
peuple égyptien, celui-ci la sainte Famille.
Dans la seconde partie, le Patriarche Jacob énumère une à une les bénédictions
dont l'ancien Joseph sera gratifié; ce sont d'abord, les bénédictions du ciel,
par lesquelles, il faut entendre, à la lettre, l'abondance des pluies; en
second lieu, les bénédictions de l'abîme, c'est-à-dire, des sources jaillissant
de la terre pour, arroser et féconder les champs; en troisième lieu, la
promesse d'une postérité nombreuse. Ce sont là des bénédictions terrestres qui,
dans le cas du chaste Epoux de Marie, devaient se changer en bénédictions
toutes spirituelles; bénédictions découlant de la grâce divine; bénédictions
consistant dans la possession sûre et dans la pratique assidue des vertus
surnaturelles, qui devaient embellir son âme d'une manière merveilleuse; la
conception de l'Enfant céleste, à laquelle saint Joseph concourut par ses
mérites, non quant à la substance, car personne n'a mérité la substance de
l'Incarnation, mais quant à quelque circonstance de temps, de lieu ou de
personne, selon que le Verbe voulait naître d'une Vierge unie en mariage à un
homme qui n'était autre que saint Joseph lui-même.
Dans la troisième partie, mention est faite de l'excellence et de
l'abondance des bénédictions dont nous avons parlé. Jacob y affirme que les
bénédictions réservées par lui à son fils Joseph dépassent celles qu'il a
lui-même reçues de ses pères, la source et la fin de ces bénédictions étant
l'avènement du Christ, qui est le désir des collines éternelles, c'est-à-dire,
le séparé du monde, le nazaréen ou couronné parmi ses frères. Aussi fut-il
lui-même une figure très excellente du Messie, séparé du monde, et nazaréen
parmi ses frères, c'est-à-dire, couronné de gloire et d'honneur parmi les
enfants des hommes[80].
Observons enfin que ce que nous avons dit de la réalisation, en saint
Joseph, des promesses de bénédiction faites par Jacob, n'empêche pas ces mêmes
promesses de trouver leur plein et entier accomplissement dans le Sauveur du
monde, que le Patriarche Jacob, mais surtout l'Esprit Saint, parlant par sa
bouche, avaient principalement en vue. Comme d'ailleurs saint Joseph est celui
qui a réuni le plus parfaitement toutes les qualités contenues dans ces
bénédictions, rien ne s'oppose à ce que nous disions du saint Patriarche, qu'il
a lui-même été 1a figure archétype du Sauveur, son Fils bien-aimé. Aussi, comme
nous appelons Marie la bénie entre toutes les femmes, ainsi, pouvons-nous
nommer saint Joseph le béni entre tous les hommes, après Jésus, son Fils putatif.
« Jésus règne,
Marie gouverne, Joseph administre » (Marguerite du Saint-Sacrement,
carmélite à Beaune [1619-1648]).
*****
« Le Seigneur a
réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de
lumière et de splendeur » (saint Grégoire de Nazianze, Docteur de l’Eglise
[329-390]).
*****
Le Seigneur veut nous faire entendre que
de même qu'Il fut soumis sur terre à celui qu'on appelait son père, qui était
son père nourricier, et qui à ce titre pouvait lui commander, Il fait
encore au ciel tout ce qu'il lui demande. (Sainte Thérèse d'Avila
[1515-1582])
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