Thursday, October 31, 2013

Avertissement intéressant sur la façon d'aborder la figure de SAINT JOSEPH


Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours 
à Vous sans se voir exaucé.

Ordre à suivre dans celle première partie

Mais comme tout ce qui arrive dans le temps a été établi dans les conseils de la divine sagesse qui dispose toutes choses avec force et suavité, il nous faudra tout d'abord commencer par parler du mystère de la prédestination du glorieux Patriarche à la dignité d'époux de Marie et de père nourricier de Jésus. Nous examinerons ensuite les figures et les prophéties de l'Ancien Testament qui le regardent, et la manière dont s'est réalisée, dans le temps, son élection à cette haute dignité. Ceci nous ouvrira la voie pour traiter du mariage de saint Joseph avec la très sainte Vierge et des relations que ce mariage établit, d'une part, entre lui et la très sainte Vierge, de l'autre, entre Jésus-Christ, notre Sauveur et le glorieux Patriarche.

Avertissement

Auparavant, cependant, il est utile d'avertir le lecteur du devoir qui nous incombe de nous tenir à égale distance d'une exagération inconsidérée, et d'une sévérité outrée. Malheureusement, ces deux excès se rencontrent assez souvent quand il s'agit de disserter sur les privilèges de saint Joseph. Les uns, poussés par un zèle aveugle, ne se font aucun scrupule d'attribuer, à l'Epoux de Marie, tout ce qui leur vient à l'esprit, pourvu que cela serve à le glorifier. Cette méthode est facile, car elle se soucie très peu d'étudier la théologie ou d'interroger la tradition. Les autres ont peur de froisser les prudes oreilles de certains savants à l'esprit par trop sceptique, en proclamant tout haut les privilèges singuliers dont il a plu à Dieu d'enrichir, en vue de la haute mission qui lui était confiée, l'âme du glorieux Patriarche.

Notre devoir sera, d'un côté, de ne rien avancer qui ne soit appuyé sur de solides bases d'autorité ou de raison; d'un autre, de ne rien soustraire à ce trésor de prérogatives, que la main du Très-Haut a versées avec tant d'abondance sur la personne si aimable et si attirante de celui qui fut en même temps le chaste Epoux de la Reine des vierges et le fidèle gardien de notre Sauveur.


Fruit de celle étude

Il est souverainement utile d'approfondir la théologie de saint Joseph, car c'est là le moyen le plus efficace pour augmenter dans l'âme cette belle et si utile dévotion. En effet, saint Joseph semble avoir été élu, dans les desseins de la Providence, pour soutenir les fidèles dans les angoisses de la vie et les initier, au milieu des épreuves de l'exil, et par ces mêmes épreuves, aux secrets de la vie spirituelle.
Les considérations que soulève cette étude, et par conséquent la dévotion qui en découle, s'adressent à tous les chrétiens : aux contemplatifs, qu'elle stimule dans la voie de la perfection; aux apôtres, à qui elle donne un moyen très efficace de sauver les pécheurs; aux jeunes gens, qu'elle préserve des dangers d'un monde corrompu; aux époux, qu'elle unit dans la pratique d'une plus haute vertu; aux pauvres, qu'elle console et qu'elle encourage; aux mourants, qu'elle fortifie dans l'heure suprême du passage de cette vie à l'éternité. Ces heureux résultats sont un puissant motif pour nous faire désirer une plus grande diffusion de la théologie joséphite.


CHAPITRE PREMIER - PRÉDESTINATION DE SAINT JOSEPH

Raison de la prédestination de saint Joseph

Dieu, qui est l'Etre parfait par excellence, est aussi, pour ses créatures, la source de tout bien. Mais, comme il est infiniment sage, il distribue ses biens selon la règle que lui-même a, de toute éternité, arrêtée dans ses conseils suprêmes. Cette claire vision des événements du monde, unie à la volonté de les faire aboutir dans le temps, est ce que nous appelons la Providence; mais quand il s'agit d'une créature raisonnable, douée du libre arbitre et destinée par Dieu à jouir de lui dans le ciel, elle s'appelle prédestination.

Dans le langage théologique, la prédestination, expression de la charité infinie de Dieu pour l'ange et pour l'homme, se définit, ratio transmissionis creaturae rationalis in fine in vitae aeternae, ce que nous pouvons exprimer en français de cette manière, « la préexistence en Dieu de l'ordre ou du plan qui règle la transmission des créatures raisonnables à cette fin spéciale qui s'appelle la vie éternelle[2] ». La prédestination comprend, dans son concept formel, non seulement la gloire céleste, qui en est le terme, mais aussi tout ce qui, dans la vie d'un individu, peut y conduire.

Ainsi donc, comme l'élection de saint Joseph à la dignité d'Epoux de Marie et de Père nourricier de Jésus devait être la raison formelle de sa gloire future, il s'ensuit qu'il fut, de toute éternité, prédestiné à cette dignité, ainsi que Jésus-Christ lui-même avait été prédestiné à être le Fils de Dieu, et Marie à être la Mère du Verbe incarné. Saint Joseph aura donc parmi les élus une place de choix à côté de la Vierge Mère, et cette place ne lui sera ravie par personne, car ce qui est établi dans les conseils divins ne peut être frustré. L'ordre de la prédestination ne souffre pas de changement.

Ceci étant établi, il nous faut maintenant rechercher quelles relations cette prédestination de saint Joseph a créées entre lui et l'économie de la Rédemption.


Livres Mystiques - Cardinal Lepicier

Wednesday, October 30, 2013

SAINT JOSEPH CONSIDÉRÉ PAR RAPPORT A DIEU

"Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours à Vous sans se voir exaucé."



«Israël aimait Joseph plus que tous ses autres fils ».
Gen., XXVII, 3.

Place de saint Joseph dans l'ordre de l'incarnation

Pour arriver à se faire une idée des grandeurs de saint Joseph, il faut commencer par connaître la place qui lui appartient dans l'ordre de l'Incarnation. Car l'Incarnation est la première et la plus parfaite des œuvres divines, dans laquelle se reflètent, comme dans un océan de beauté, les attributs de Dieu : sa sagesse, sa justice, sa puissance et sa bonté. Aussi l'Incarnation est-elle la mesure de toute vraie gloire et de toute noblesse. Plus une créature se rapproche du Verbe incarné, plus est élevée la place qu'elle occupe dans l'ordre du monde spirituel.


Or, une personne peut appartenir à l'ordre de l'Incarnation de deux manières : intrinsèquement et extrinsèquement. Intrinsèquement, soit en réalisant en soi la substance même de l'Incarnation, soit en coopérant à la réalisation de cet auguste mystère. Le Christ, Notre-Seigneur, par le fait même de l'union hypostatique, réalise en lui ce chef-d'œuvre ineffable, étant, dans l'unité de personne, Dieu et homme tout ensemble. Il appartient donc intrinsèquement et substantiellement à l'ordre de l'Incarnation. Il en est lui-même la raison d'être. La très sainte Vierge, sa Mère, appartient, elle aussi, intrinsèquement à cet ordre, non pas d'une manière substantielle, comme son Fils, mais par sa coopération réelle et vitale, ayant fourni, sous l'action du Saint-Esprit, son sang virginal pour former le corps du Verbe incarné.

A cet ordre de l'Incarnation appartiennent extrinsèquement tous ceux qui ont contribué à mettre en relief ce mystère incomparable. Ce sont d'abord les Prophètes, les Apôtres et les Evangélistes, qui ont annoncé la venue du Christ ou qui l'ont prêché aux Gentils; les martyrs qui ont versé leur sang en témoignage de sa divinité; les ministres du Nouveau Testament, qui, par les sacrements de l'Eglise, continuent sa mission rédemptrice; enfin les fidèles, qui s'efforcent de reproduire en eux-mêmes l'image admirable de l'Homme-Dieu.

Cependant, au-dessus de tous ces personnages, il en est un qui, par la mission toute spéciale qui lui fut confiée, se rattache plus intimement encore, bien que toujours d'une manière extrinsèque, au grand mystère de l'Incarnation. C'est saint Joseph, cet homme choisi par Dieu pour être l'Epoux de la Vierge Mère, de Celle qui, dans les desseins du ciel, ne devait concevoir le ,Verbe, qu'en tant qu'elle serait unie, par les liens d'un véritable mariage, à cet auguste Patriarche.
Voilà donc la place qu'occupe saint Joseph dans l'œuvre de l'Incarnation, place unique après celle de la très sainte Vierge, son Epouse. Or, comme l'union légitime de l'homme avec la femme, telle que Dieu l'a voulue dès le principe quand il donna au mariage sa sanction divine, établit entre les deux une relation de parenté la plus étroite qui puisse exister, il s'ensuit que saint Joseph est en quelque sorte admis à participer aux privilèges attachés à la dignité de la Mère de Dieu. C'est pourquoi, bien que cette coopération de saint Joseph à l'œuvre de l'Incarnation ne soit pas intrinsèque, comme celle de la Vierge Mère, elle ne cesse pas néanmoins d'être le fondement et la raison d'être de toutes ses prérogatives.

Ceci étant, notre premier soin, dans notre étude sur le glorieux Patriarche, sera d'examiner ses relations avec Marie, son épouse, et conséquemment avec Jésus-Christ, le vrai fils de Marie.



Tuesday, October 29, 2013

LITANIES DE SAINT JOSEPH

"Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours à Vous sans se voir exaucé."

Les litanies de saint Joseph

Seigneur, ayez pitié de nous. Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous. Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous. Seigneur, ayez pitié de nous.
Père du Ciel qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, Rédempteur du monde qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Esprit Saint qui êtes Dieu, ayez pitié de nous.
Trinité Sainte qui êtes un seul Dieu, ayez pitié de nous.
Sainte Marie, priez pour nous
Saint Joseph, priez pour nous.
Illustre descendant de David, priez pour nous.
Lumière des Patriarches, priez pour nous.
Époux de la Mère de Dieu, priez pour nous.
Chaste gardien de la Vierge, priez pour nous.
Nourricier du fils de Dieu, priez pour nous.
Zélé défenseur de Jésus priez pour nous.
Chef de la Sainte Famille, priez pour nous.
Joseph très juste, priez pour nous.
Joseph très chaste, priez pour nous.
Joseph très prudent, priez pour nous.
Joseph très courageux, priez pour nous.
Joseph très obéissant, priez pour nous.
Joseph très fidèle, priez pour nous.
Miroir de patience, priez pour nous.
Ami de la pauvreté, priez pour nous.
Modèle des travailleurs, priez pour nous.
Gloire de la vie de famille, priez pour nous.
Gardien des vierges, priez pour nous.
Soutien des familles, priez pour nous.
Consolation des malheureux, priez pour nous.
Espérance des malades, priez pour nous.
Patron des mourants, priez pour nous.
Terreur des démons, priez pour nous.
Protecteur de la Sainte Eglise, priez pour nous.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, pardonnez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, exaucez-nous, Seigneur.
Agneau de Dieu, qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous.
Il l'a établi le chef de sa maison.
Et l'intendant de tous ses biens.
Prions. Ô Dieu, qui, par une providence ineffable, avait daigné choisir le bienheureux Joseph, pour être l'époux de votre Sainte Mère, faites, nous vous en prions, que, l'honorant ici-bas comme protecteur, nous méritions de l'avoir pour intercesseur dans le ciel : Vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles.
Ainsi soit-il.


Monday, October 28, 2013

UN CHANCELIER D'UNIVERSITE NOMME " GERSON"

"Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours à Vous sans se voir exaucé."


Chancelier de l’Université de Paris, Gerson ( 1363-1429) deviendra le promoteur des fêtes de Saint Joseph. Il écrivit le 17 Aout 1413 une lettre à toutes les églises pour proposer les fêtes de Saint Joseph, une exposition en trois leçons sur l’Evangile " exurgens autem Joseph" et une messe propre dont il composa lui-même les morceaux liturgiques ; il obtient progressivement l’établissement en France de fêtes de Saint Joseph. C’est surtout au Concile de Constance qu’il supplia avec succès les pères d’établir et de diffuser un culte public de Saint Joseph. En 1481, le pape Sixte IV étendit le culte de saint Joseph de France à l’Eglise Universelle. Par la suite, les guerres de religion freinent cette expansion et il faudra attendre le XVIIe siècle, grand siècle de saint Joseph en France pour que s’établissent les fêtes et le culte de Saint Joseph tel que nous le connaissons. Le cardinal de Bérulle, Monsieur Ollier, saint Jean-Eudes consacrent à saint Joseph de très belles pages. De nombreuses fondations et institutions, congrégations et confréries se placent sous sa protection. Chez les carmélites, madame Acarie rend plus populaire encore le culte de saint Joseph que leur fondatrice, Thérèse d’Avila, avait inculqué à ses filles. De son côté, Saint François de Sales compose ses "entretiens sur saint Joseph" et parle de lui aux filles de la Visitation. Le 19 Mars 1657, en présence du cardinal Barberini et de vingt-deux évêques, réunis à l’occasion de l’Assemblée du Clergé de france, Bossuet célèbre les gloires de Saint Joseph. le sermon marquera tant qu’il fut répété deux ans plus tard à la cour. Et le 7 juin 1660, Saint Joseph apparaît à Cotignac, apparition reconnue par les autorités religieuses.




Sunday, October 27, 2013

PRIERE A SAINT JOSEPH par Saint Francois de Sales


"Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours à Vous sans se voir exaucé."


Saint Joseph, intercède pour nous

Glorieux Saint Joseph, époux de Marie, accorde-nous ta protection paternelle, nous t'en supplions par le Cœur de Jésus et le Cœur Immaculé de Marie. O toi dont la puissance s'étend à toutes nos nécessités et sait rendre possibles les choses les plus impossibles, ouvre tes yeux de père sur les intérêts de tes enfants. Dans l'embarras et la peine qui nous pressent, nous recourons à toi avec confiance. Daigne prendre sous ta charitable conduite cet intérêt important et difficile, cause de notre inquiétude. Fais que son heureuse issue tourne à la Gloire de Dieu et au bien de ses dévoués serviteurs.
O toi que l'on n'a jamais invoqué en vain, aimable Saint Joseph, toi dont le crédit est si puissant auprès de Dieu que l'on a pu dire « au Ciel Saint Joseph commande plutôt qu'il ne supplie », tendre père, prie pour nous Jésus, prie pour nous Marie. Sois notre avocat auprès de ce Divin Fils dont tu as été ici-bas le père nourricier si attentif, si aimant, et le protecteur fidèle. Sois notre avocat auprès de Marie, dont tu as été l'époux si aimant et si tendrement aimé. Ajoute à toutes tes gloires celle de gagner la cause difficile que nous te confions.
Nous croyons, oui, nous croyons que tu peux exaucer nos vœux en nous délivrant des peines qui nous accablent et des amertumes dont notre âme est abreuvée. Nous avons de plus la ferme confiance que tu ne négligeras rien en faveur des affligés qui t'implorent.
Humblement prosternés à tes pieds, bon Saint Joseph, nous t'en conjurons, aie pitié de nos gémissements et de nos larmes. Couvre-nous du manteau de tes miséricordes et bénis-nous.
Amen.
sur SpiritualiteChretienne


PRIERE A SAINT JOSEPH POUR LUI RECOMMANDER UNE PERSONNE

"Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours à Vous sans se voir exaucé."




Je vous conjure au Glorieux Saint Joseph, par le Cœur de père que Dieu vous a donné pour Jésus, et par le cœur de fils que Jésus a eu pour vous, d’entourer N…, de votre protection  salutaire. Daignez O grand Saint, vous intéresser a son bonheur ici-bas, et prendre un soin spécial de la sanctification de son âme.  Rendez-lui par votre intercession le Ciel favorable ; que sous votre sainte protection son cœur devienne l’objet de la bienveillance de Jésus et des faveurs de Marie. Soyez, en toutes circonstances, pour le présent et pour l’avenir, son guide, son père, son soutien. Obtenez-lui les grâces qui purifient, les miséricordes qui relèvent, et les secours divins qui font persévérer dans le bien et parvenir à la couronne des élus. Daignez, par votre intercession puissante, l’aider chaque jour à sanctifier ses actions, à supporter patiemment ses peines, et à triompher de l’ennemi du salut ; enfin obtenez-lui le bonheur de glorifier Dieu avec vous pendant l’éternité. Ainsi soit-il.


Friday, October 25, 2013

SAINT JOSEPH PAR CEUX QUI L'AIMENT

"Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours à Vous sans se voir exaucé."

Le Cardinal MERCIER (1851-1926)

Archevêque de Malines, le Cardinal Mercier insiste sur la vie intérieure de Saint Joseph gardien des âmes sacerdotales. A Nazareth, Dieu habitait personnellement. Marie était là et Jésus s’y disposait à apprendre au monde que le Ciel était descendu sur la terre: “O mon Dieu, qui dira les adorations discrètes, les hymnes silencieuses d’actions de grâces, les accents brûlants qu’ensemble, époux et épouse, vous faisiez monter de vos coeurs, tandis que vous veilliez sur les jours de l’Enfant-Dieu. Regardiez-vous le Père penché sur son Fils? Ou, dans une vision de sacrifice, regardiez-vous l’Enfant déjà à l’autel, au Cénacle, au Calvaire, dans les temples de la chrétienté?... 
Ensemble vous deviez pleurer, pensant à ce qu’il en coûterait à votre cher Jésus de devenir le Rédempteur du monde.
Ensemble vous deviez exulter à l’idée de la gloire qui couronnerait  éternellement son sacrifice...”  [4] 
La contemplation de la vie intérieure de Saint Joseph devrait contribuer à ranimer, dans les âmes sacerdotales, la racine de la sainteté.


Paul CLAUDEL (1875-1956)

Le 24 mars 1911, dans sa “Lettre à Sylvain”   Paul Claudel constate: la vocation de Saint Joseph est une vocation singulière. Il écrit:“Quelle vocation plus singulière que la virginité pour un homme, à cette époque surtout! Pourquoi l’avait-il adopté? Qu’il devait être patient et fort contre l’ennui, comme le soleil qui chaque matin recommence sans s’ennuyer la même route!...
Joseph est le Patron de la vie cachée, l’Écriture ne rapporte pas de lui un seul mot. C’est le silence qui est père du Verbe. Que de contrastes chez lui!  Il est le Patron des célibataires et des pères de famille, celui des laïcs et celui des contemplatifs! celui des prêtres et celui des hommes d’affaires...“  [5] 

Chanoine Maurice BOUVET (1880-1948)

“Il faut aller jusqu’à l’idée profonde: le sens est alors d’une étonnante plénitude, et le culte de Saint Joseph paraît sous son vrai jour qui le magnifie. On va, il est vrai, de surprise en surprise.” Maurice Bouvet rappelle déjà deux thèmes principaux dans ce culte rendu à Saint Joseph: le combat que doit mener l’Église ainsi que son agonie d’une part, et la nécessité de bien mourir, d’autre part.
“Église et agonie incluent un élément commun: l’idée de combat... C’est là assurément l’idée la plus étrangère à ce culte tel qu’on l’entend d’ordinaire. C’en est pourtant l’idée essentielle. Saint Joseph est le Patron de l’Église parce que l’oeuvre que l’Église accomplit est exactement la suite de celle qu’il a faite lui-même: elle peine pour donner au Christ les accroissements de son Corps mystique en lui gagnant et unissant des âmes qui aient part à sa vie comme tous  les éléments constituant de notre corps ont part à notre âme. Elle travaille aussi  à lui faire le sang de sa Passion perpétuelle que, d’âge en âge, ses fidèles prolongent de leurs souffrances. Son oeuvre se range donc en quelque sorte d’elle-même sous le patronage de Saint Joseph et la met à son école... Toute lutte ainsi menée est la lutte quotidienne du pauvre charpentier de village qui nourrit à la sueur de son front le Sauveur.”

Pierre L’ERMITE (Mgr LOUTIL) né en 1863

Mgr Loutil, plus connu sous le nom de Pierre l’Ermite, a écrit, dans un article publié dans le journal “La Croix” à propos de Joseph:
“L’Église n’est pas un arbre mort. Chaque siècle, elle pousse en avant le saint dont elle a besoin pour parer aux besoins d’une époque... Sa préoccupation, aujourd’hui, (au début du XXè siècle) est cette immense classe ouvrière travaillée par de mauvais bergers...Alors, sur la scène du monde, l’Église fait avancer Joseph, l’ouvrier modèle... celui qui aime son travail et le fait bien... La montée de Joseph sur le plan social est presque une réparation. Il a d’abord été laissé dans l’ombre. L’Évangile parle quatorze fois de Joseph, mais ne cite aucune parole de lui. C’est le saint du silence.
Il faut arriver aux Croisades, à Saint Bernard, à Saint François d’Assise, pour saluer son étoile qui monte à l’horizon. Mais alors, ce pauvre Joseph, le monde se met à le tourner en dérision... Et les peintres de la Renaissance, suivis avec ardeur par ceux de Saint Sulpice, font une autre offensive, ils nous présentent un Saint Joseph vieux, très vieux, chauve, délavé, avec du sang de guimauve dans les veines...
Saint Joseph est le patron de ceux qui aiment la vie intérieure. Il ne demande rien au monde que de l’ignorer. Il sait que Dieu ne se trouve pas dans l’agitation, et que la solitude d’âme est la patrie des forts. ”  [6]

[1] Saint Joseph Patron des communautés religieuses”  par le Chanoine LAMOTHE-TENET - Editeur J. Martel ainé, Imprimeur de N.S.P. le Pape.  Montpellier (1879)
[2] “Les excellences du glorieux Saint Joseph”.  Cité par Mrg Villepelet dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[3]  Cité par Mrg Villepelet dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[4] Cité par Mrg Villepelet dans “Les plus beaux textes sur Saint Joseph”
[5] Paul Claudel  “Positions et Propositions”  - Édité chez Gallimard  (1934)

Thursday, October 24, 2013

CITATIONS DE SAINTS A PROPOS DU PREMIER D'ENTRE EUX : SAINT JOSEPH


Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours à Vous sans se voir exaucé.



Saint Bernard de Clairvaux, au XIIème siècle, découvrait avec justesse la grandeur de saint Joseph : « Celui que de nombreux rois et prophètes ont désiré voir et n’ont pas vu, qu’ils ont désiré écouter et qu’ils n’ont pas entendu, il fut donné à Joseph, non seulement de le voir et de l’entendre, mais encore de le porter, de guider ses pas, de le prendre dans ses bras, de le couvrir de baisers, de lui donner à manger et de veiller sur lui ».


Au XVème siècle, saint Bernardin de Sienne découvre davantage encore la gloire de saint Joseph. Il s’exprimait avec une rare pénétration : « Comment un esprit clairvoyant peut-il penser que le Saint-Esprit ait uni, d’une union si étroite à l’âme d’une Vierge si grande, quelqu’autre âme sans que celle-ci lui fut semblable par la pratique des vertus ? Je crois donc que saint Joseph fut le plus pur des hommes en virginité, le plus profond en humilité, le plus ardent en amour de Dieu et en charité, le plus élevé en contemplation ».


Sainte Thérèse d’Avila, au XVIème siècle, avait choisi saint Joseph pour patron de son ordre. Voici comment elle en parle dans le sixième chapitre de sa vie : « Je choisis le glorieux saint Joseph pour mon patron et me recommande à lui en toutes choses. Je ne me souviens pas d’avoir jamais rien demandé à Dieu par son intercession que je ne l’aie obtenu. Jamais je n’ai connu personne qui l’ait invoqué sans faire des progrès notables dans la vertu. Son crédit auprès de Dieu est d’une merveilleuse efficacité pour tous ceux qui s’adressent à lui avec confiance ».


Saint François de Sales a employé son dix-neuvième entretien à recommander la dévotion envers saint Joseph et à louer ses vertus, surtout sa virginité, son humilité, sa constance et son courage.

L'Eglise fete Saint Joseph le 19 mars. Les Syriens et les Orientaux le 20 juillet.

Les Papes Grégoire XV et Urbain VIII ordonnèrent, l’un en 1621 et l’autre en 1642, que cette fête fût d’obligation.


Wednesday, October 23, 2013

SAINT JOSEPH, PATRON DES AMES RELIGIEUSES


Courtoisie de Nouvlevangelisation

Le Glorieux Patriarche Saint Joseph

Jérôme GRATIEN de la Mère de Dieu (1545-1614)

Le Père Jérôme Gratien de la Mère de Dieu, carme espagnol, conseiller de Sainte Thérèse d’Avila, écrivit un livre sur ”Les excellences du glorieux Saint Joseph” dans lequel  il se plaît à conter la gloire du Saint Patriarche si cher à l’Ordre du Carmel. 
Pour bâtir un palais, il faut d’abord un architecte, puis un charpentier, et, enfin, des ouvriers.“Notre Seigneur Jésus-Christ ne procède pas autrement pour l’édifice de l’Église catholique. Pour ouvriers, il a élu les apôtres; pour manoeuvres les martyrs, les confesseurs, les vierges, tous ceux qui donnèrent secours, en un mot, en portant la matière nécessaire de son Précieux Sang, et les saints sacrements. Mais avant de livrer au premier coup de marteau ses mains et ses pieds sacrés, les faisant clouer sur le bois de la Croix, il élit Joseph le Charpentier pour qu’avec sa Mère ils traitassent à trois du mode à tenir en cette excellente construction de l’Église, en cette oeuvre de notre Rédemption. Nous devons beaucoup de reconnaissance aux ouvriers de l’Église qui furent les saints apôtres, aux manoeuvres et autres gens de service, qui furent tous les saints; mais combien sommes-nous plus tenus et obligés envers ce vénérable charpentier, choisi pour aider à travailler au dessein et au modèle de notre réparation et Rédemption?”  [2]

Jean-Jacques OLIER (1608-1657)

Comme Saint François de Sales le lui avait prédit, alors qu’il n’était encore qu’un jeune garçon de 14 ans,  J.J. Olier fut le premier à ouvrir les séminaires réclamés par le Concile de Trente. Pour cela il fonda la Compagnie de Saint-Sulpice confiée à Marie et à Saint Joseph. Tout est extraordinaire dans la vie de J.J. Olier, et pourtant tout est très simple, car il était entré dans la maison de Nazareth où il avait appris l’esprit d’enfance et avait longuement contemplé Saint Joseph qu’il a peut-être mieux compris que quiconque. En particulier, J.J. Olier a, sur le rôle rempli par Saint Joseph auprès de l’Enfant Jésus, et sur son rôle toujours actuel auprès des âmes intérieures, quelques-unes des plus belles pages qu’ait connues le XVIIe siècle.
Saint Joseph Patron des âmes religieuses
“Saint Joseph, ayant été choisi par Dieu pour être son image envers son Fils unique, n’a point été établi pour aucune fonction publique dans l’Église de Dieu, mais seulement pour exprimer sa pureté et sa sainteté incomparables qui le séparent de toute créature visible; de là vient qu’il est le Patron des âmes cachées et inconnues. Autre est la fonction de Saint Pierre sur l’Église; autres sont les opérations de Saint Joseph.”
Pour Jean-Jacques Olier, Saint Joseph est un saint caché, sans fonction extérieure, mais il est destiné à communiquer intérieurement la vie qu’il reçoit du Père et qui arrive ensuite jusqu’à nous par Jésus-Christ:”L’influence de Saint Joseph est une participation à la vie de Dieu le Père en son Fils. C’est une participation de la source sans règle et sans mesure qui se répand de Dieu le Père dans son Fils;  et Dieu le Père qui veut nous faire sentir qu’il nous aime du même amour dont il aime son Fils unique, nous donne à puiser, à goûter, à savourer dans Saint Joseph la grâce et l’amour dont il aime ce même Fils... Ainsi, Saint Joseph est le Patron des âmes suréminentes élevées à la pureté et à la sainteté de Dieu, tant de celles qui sont intimement unies à Jésus-Christ, et auxquelles il communique sa tendresse pour cet aimable Sauveur que de celles qui sont appliquées à Dieu le Père dont Saint Joseph est la figure.
C’est un Saint caché, que Dieu a voulu tenir secret pendant sa vie, et dont il s’est réservé à lui seul les occupations intérieures sans les partager aux soins extérieurs de l’Église; un Saint que Dieu a manifesté au fond des coeurs et dont il a lui-même inspiré la vénération dans l’intérieur des âmes.
Saint Joseph doit être le tabernacle universel de l’Église: c’est pourquoi l’âme unie intérieurement à Jésus-Christ, et qui entre dans ses voies, ses sentiments, ses inclinations et ses dispositions, cette âme, tant qu’elle sera sur la terre, sera remplie d’amour, de respect, de tendresse pour Saint Joseph à l’imitation de Jésus-Christ vivant sur la terre, car telles étaient les inclinations et les dispositions de Jésus-Christ:  il allait aimer avec tendresse Dieu le Père dans Saint Joseph, et l’adorer sous cette image vivante où il habitait réellement. C’est à nous à suivre cette conduite et aller ainsi chercher notre Père dans ce Saint. C’est en lui que nous devons aller voir, contempler, adorer toutes les perfections divines, dont l’assemblage nous rendra parfaits comme notre Père Céleste est parfait. Nous apprenons par ce Saint qu’on peut ressembler à Dieu le Père et être parfait sur la terre comme il l’est dans le Ciel. Et parce qu’en Dieu le Père Saint Joseph est source de tout bien et de toute miséricorde, on dit de ce Saint qu’on ne lui demande rien qu’on ne l’obtienne.”  [3] 


Benis soient ceux qui vous aiment et vous honorent, bon Saint Joseph. Benie soit Mme Paulette Leblanc, auteur de "Saint Joseph, Qui es-tu?"


Monday, October 21, 2013

CANTIQUE A SAINT JOSEPH, de Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face




"Le Seigneur a réuni en Joseph,
comme dans un soleil,
tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur."

Saint Grégoire de Nazianze, Docteur de l'Eglise (329-390)

Dans l'Histoire d'une âme, sainte Thérèse écrit : « Je priai aussi saint Joseph de veiller sur moi ; depuis mon enfance, ma dévotion pour lui se confondait avec mon amour pour la Très Sainte Vierge. Chaque jour, je récitais la prière : O saint Joseph, père et protecteur des vierges... II me semblait donc être bien protégée et tout à fait à l'abri du danger. » Le Cantique ci-dessous a été composé en 1896, à la demande de Sœur Marie de l'Incarnation.

Cantique à saint Joseph

Sur l'air du cantique : Nous voulons Dieu.


Joseph, votre admirable vie
Se passa dans l'humilité ;
Mais, de Jésus et de Marie,
Vous contempliez la beauté !

Joseph, ô tendre Père,
Protégez le Carmel !
Que vos enfants, sur cette terre,
Goûtent déjà la paix du ciel.

Le Fils de Dieu, dans son enfance,
Plus d'une fois, avec bonheur,
Soumis à votre obéissance,
S'est reposé sur votre cœur !

Comme vous, dans la solitude,
Nous servons Marie et Jésus ;
Leur plaire est notre seule étude ;
Nous ne désirons rien de plus.

Sainte Thérèse, notre Mère,
En vous se confiait toujours ;
Elle assure que sa prière,
Vous l'exauciez d'un prompt secours.

Quand l'épreuve sera finie,
Nous en avons le doux espoir
Près de la divine Marie,
Saint Joseph, nous irons vous voir.

Bénissez, tendre Père,
Notre petit Carmel ;
Après l'exil de cette terre
Réunissez-nous dans le ciel.

1896.
 (Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, Histoire d'une Ame,)


Une courtoisie du site Spiritualite Chretienne


Thursday, October 17, 2013

Saint Joseph Patron de l’Église

Source: Nouvl.evangelisation

Il est impossible de rapporter tout ce qui a été écrit sur Saint Joseph tant les ouvrages et les panégyriques le concernant sont nombreux. Ce qui surprend le plus c’est de constater combien ce grand silencieux, pratiquement inconnu jusqu’au XIIIe siècle, a suscité de méditations contemplatives et de réflexions, comme si le monde, longtemps privé d’un modèle d’une telle valeur, avait cherché, et continuait à chercher à se rattraper. Nous ne donnerons ci-dessous, pour chacun des auteurs cités, que l’aspect essentiel qui semble l’emporter sur tous les autres

Saint Joseph Patron de l’Église


Dans son livre : ”Saint Joseph, Patron des communautés religieuses”  le Chanoine LAMOTHE-TENET rappelle:
– C’est en 1870, pendant le Concile Vatican I, que le pape Pie IX a proclamé Saint Joseph Patron de l’Eglise catholique. (Décret Urbi et Orbi du 8 décembre 1870)
– Le pape Léon XIII a proclamé Joseph Patron de l’Eglise universelle. (1889)
“La vocation de St Joseph et la vocation religieuse sont unies par des rapprochements si intimes qu’il n’y a pas de circonstance, dans la vie de l’Époux de Marie, qui n’offre aux épouses de N.S. Jésus Christ un trait de perfection à imiter.”  [1]
En conséquence, Saint Joseph est également le Patron des membres qui composent l’Église dirigeante ou hiérarchique. Il est le protecteur et le Patron de l’Église et de tous ses membres. Par dessus tout, il est le Patron des religieux qui honorent l’Église. Dans les communautés religieuses, Saint Joseph, Père des familles religieuses, est également le modèle de toutes les âmes religieuses. De très nombreux saints ont été, personnellement, des amis très intimes de Saint Joseph dont ils avaient fait leur protecteur et ami.
Voyons maintenant comment les auteurs spirituels ont montré combien il était juste de considérer Saint Joseph comme Patron de l’Église et des âmes religieuses.

Wednesday, October 16, 2013

LE LIVRE DE SAINT JOSEPH de Francis Jammes. Extraits

LES PLUS BELLES PAGES SUR SAINT JOSEPH






FRANCIS JAMMES (1868-1938)

Auteur des Géorgiques chrétiennes, du Rosaire au soleil, du Curé d'Ozeron, Francis Jammes l'est aussi d'un ouvrage moins connu : Le livre de saint Joseph, dans lequel le « patriarche d'Orthez » traduit sa dévotion d'enfant à l'égard du dernier des Patriarches. Il s'agit d'une oeuvre de pure imagination, dont voici quelques extraits de l'introduction, en laquelle le poète demande à saint Joseph de venir à son secours, afin qu'il puisse bien parler de lui.

L'appel

Pour que vous me parliez, je me suis mis en prière, mais je n'entendais rien que le vent qui faisait battre mon volet, que la pluie et cette sourde plainte de mon cœur. Ne tardez plus, car, dans mon âge mûr, je sens que j'ai besoin de votre conseil. Ah ! pourquoi vous cachez-vous ainsi ? Pourquoi mettre entre vous et moi des siècles d'ombre et de silence ? Je suis prêt à sentir votre main dans la mienne, mais j'étreins le vide tout à coup, je n'aurais jamais cru qu'il fût aussi difficile de la saisir. Vous êtes fixe dans ma pensée. Il faut que j'aille à la conquête de votre pauvreté comme à la conquête d'un lis dans les difficultés d'une croisade. Ayez pitié de moi, patriarche ! Si loin, et si proche : car vous veillez singulièrement sur ma vie ! Vous ne m'avez rien refusé que de vous laisser entendre et voir. Mon cœur s'emplit de piété quand je pense qu'à toutes mes heures d'amertume vous êtes là ! J'aime, de vous, jusqu'aux images les plus banales, jusqu'aux statues bariolées qui se dressent sur l'autel villageois, qui vous représentent avec une équerre, un bâton ou une règle à la main. Vous, le bafoué, dont le nom seul est une gêne sur les lèvres du chrétien tiède, et un blasphème sur celles de l'impie, recevez ici mon hommage. Votre humilité me remue comme le vent la profondeur de l'eau. Mais parlez-moi autrement que par ce mystérieux silence ! Montrez-vous à moi dans cette oeuvre autrement que par des figures de plâtre ou de papier ! Il faut que vous viviez en vérité dans mon cœur, sous ma plume : sinon, je désespérerai. Accordez-moi cette faveur que je vous rencontre face à face, moi qui suis le dernier désigné. Il n'y a rien en moi qui soit vous. Et c'est pourquoi je vous aime. Et c'est pourquoi je vous supplie de m'envoyer votre ange. Si épaisse est mon obscurité, si compacte est mon argile, que si cet ange ne souffle pas sur elles, je ne vous verrai pas, je ne vous entendrai pas ! J'ai ce tourment de vous louer, ce tourment et cette impuissance. J'ai plus d'une fois déchiré mes feuilles comme un enfant dépité mord un bouquet. Il est évident que ce n'est pas moi qui devais prétendre à ceci ! Mais d'en être incapable, la honte m'envahissait. Et alors j'allais, de droite et de gauche, comme un pèlerin qui a faim et soif, mendier, pour obtenir ce génie qu'il me faut, les prières des curés de campagne, des religieuses illettrées et des Princes de l'Eglise. Tellement qu'à de certains jours j'en avais honte ! Et j'attendais le souffle de l'ange. Et il ne venait point. Et je vous cherchais en vain, ô Patriarche, dans cette contrée d'Orient où il y a tant de parfum et de verdure, là même où vous avez vécu ! Mais il ne me semblait pas que vous convinssent tant de tableaux que j'ébauchais. Sitôt que j'essayais de les peindre, les fleurs et les pelouses se fanaient au soleil du sobre Evangile. Ah ! il me fallait redescendre dans mon cœur.



O vous qui avez peuplé l'exil d'Egypte avec les seuls Jésus et Marie ; qui faisiez de leur présence votre joie silencieuse, car ils vous tenaient lieu du monde entier, Joseph ! Rapprochez-vous de tous les solitaires dont le cœur est près de défaillir. Adoptez-les ! Recevez-les dans votre Sainte Famille. Il est si dur d'être dans l'abandon, sans mère, sans femme et sans enfants ! Il est si humiliant de comprendre que l'on ennuie les autres avec sa souffrance ! Ranimez ceux qui sont dans le désert que l'égoïsme fait autour d'eux !
Et, quand le lourd après-midi oppresse leur poitrine; quand leur tempe brûlante bat trop fort; quand les obsèdent ainsi qu'un cauchemar, mais comme une délivrance possible, la corde ou le revolver, ah ! dans cette sécheresse, envoyez-leur cette brise qui fait neiger les voiles de votre Epouse sacrée !



O saint Joseph, combien de païens mêmes ont béni l'existence, qui ne possédaient qu'une écuelle pour manger leur pitance et qui se servaient du creux de la main pour puiser l'eau !
Et moi, tel qu'un philosophe antique écrivant l'éloge de la pauvreté sur une table d'or, je louerais ce que je n'aime point, je glorifierais ce que je n'accepte que par contrainte !
Des fils et des filles de princes sont descendus jusque dans les catacombes, s'y sont nourris de pain dur pour l'amour de votre divin Fils qui prit part à votre frugalité de Nazareth.
Ah ! Je ne vous ai pas accueilli dans mon âme avec une assez grande charité, Père des nécessiteux ! Je ne saurais m'asseoir qu'en murmurant à la table de l'artisan qui se prive, me coucher dans le lit défait du pèlerin.
Heureux vos vrais disciples qui, dans l'humble auberge, se privent d'une part de leur nourriture pour la donner en souriant à leurs petits !
A ceux-là qui ne demandent pas autre chose appartiendra le Royaume.



Si la poésie est la recherche du Ciel, et si la mort le découvre, que l'arrivée doit être bonne au poète !
Dès que l'un de ses fils lui a fermé les yeux, il voit tout ce qu'il ne voyait pas de cette splendeur dont il ne connaissait que des éclats et de pauvres rythmes.
O Joseph ! Souvenez-vous de votre sortie d'Egypte, quand la persécution eut pris fin, quel arc-en-ciel se leva sur les vergers sonores !
Mais ces merveilles ne furent rien, en comparaison de celles que vous avez contemplées au moment où, comme un lis, la main de votre divin Fils s'est posée sur votre paupière pour la clore.
L'ombre peut régner dans ma chambre.
Il y a de la lumière au-dehors.


Vous m'êtes témoin, ô saint Joseph ! que les seules vraies joies que j'ai goûtées, c'est dans l'ombre quand je me sens avec vous.
Lorsque l'on est privé d'honneurs, combien il est doux d'aimer son métier, de se dire que l'on travaille sur votre établi et que notre famille contemple notre oeuvre du moins avec l'œil bienveillant de la foi !
Qu'ils en ont vu, Jésus et Marie, d'hommes qui vous tenaient pour peu de chose, qui dressaient en face de votre boutique aux meubles simples et honnêtes leur art décoratif ! Ce n'est pas chez vous qu'un Pilate eût commandé son lavabo, Hérode son lit, César sa chaise.
Ils s'adressaient aux fournisseurs officiels qui en recevaient de la gloire.
Mais vous, Patron bien-aimé, vous avez déposé dans le cœur des ouvriers de bonne volonté, à qui ne vont point les faveurs des puissants de ce monde, cette graine cachée qui s'appelle l'amour et qui ne se vend ni ne s'achète. Cette graine, vous la faites tant fructifier en moi, et embaumer, que ma bouche ne sait vous dire mon allégresse.
Donnez-moi l'ombre, sinon mon amour est mort.



(Francis JammesLe Livre de Saint-Joseph, Paris, Plon, 1921, pp. 3-5, 33-34, I78-179, 241-242. Tous droits réservés.)