Saturday, December 7, 2013

8122013 : 2.5.3. Biens du mariage dans les personnes qui professent la chasteté perpétuelle

Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours 
à Vous sans se voir exaucé.

2.5.3. Biens du mariage dans les personnes qui professent la chasteté perpétuelle

Il nous faut ici examiner la question, à savoir comment se vérifient les biens du mariage chez des personnes professant la chasteté perpétuelle. Et d'abord, qu'entend-on par biens du mariage?
Les biens du mariage sont ces fruits que, d'institution divine, produit l'union de l'homme et de la femme, et qui justifient, aux yeux de Dieu et des hommes, la perte de l'intégrité virginale. Ces biens sont au nombre de trois; en latin, on les appelle : fides, sacramentum et proles; termes que l'on peut rendre en français par ces mots : fidélité, sacrement et enfants. La fidélité est cette disposition d'esprit dans les époux à ne rien faire qui pourrait blesser le droit d'un conjoint sur le corps de l'autre et qui, par conséquent, exclut tout adultère; par sacrement, on entend non pas le sacrement du mariage, mais le signe extérieur de l'union invisible du Christ et de l'Eglise, union que le mariage a pour but de mettre en relief. Par enfants, on entend la fin principale du mariage, qui est de multiplier le genre humain, en vue de l'héritage céleste.
Or, il faut bien se rappeler que l'obtention de la fin principale n'appartient pas à l'essence d'une chose. Ainsi, un arbre peut très bien exister, même s'il ne produit pas les fruits qu'il est destiné à produire, ce qui cependant constitue la fin pour laquelle il existe. En autres mots, la fin propre à une chose ou à une institution appartient, non pas à la première, mais à la seconde perfection de cette même chose; aussi l'essence du mariage peut vraiment subsister, même si les époux, pour une raison ou pour une autre, restent sans enfants.
Ainsi donc, dans un mariage contracté par des personnes liées par un vœu perpétuel de chasteté, les deux premiers biens, ci-dessus mentionnés, c'est-à-dire la fidélité et le sacrement se réalisent parfaitement; le troisième, au contraire, celui de la fécondité ou procréation des enfants, n'a pas lieu. C'est pourquoi un tel mariage, bien que manquant d'un des trois éléments que nous avons rappelés plus haut, devra se considérer, aux yeux de Dieu, comme aux yeux des hommes, comme un mariage valide. Il faut cependant excepter le cas du venu solennel de chasteté émis dans un ordre approuvé par l'Eglise; mais cet empêchement est de droit ecclésiastique.
Ces notions étaient nécessaires pour mettre en son vrai jour le saint mariage dont nous nous occupons. En un mot, notre intention est de revendiquer, à la lumière de la théologie et des Pères, la vérité du mariage contracté par saint Joseph avec la très sainte Vierge, malgré le vœu de chasteté perpétuelle émis par les saints Epoux. Et nous le ferons avec d'autant plus de soin et d'attention, que, comme nous l'avons déjà fait remarquer, de ce mariage dépendent la grâce et la gloire incomparables qui distinguent, parmi tous les Saints de l'Ancien et du Nouveau Testament, le très chaste Epoux de Marie



« Jésus règne, Marie gouverne, Joseph administre » (Marguerite du Saint-Sacrement, carmélite à Beaune [1619-1648]).

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« Le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur » (saint Grégoire de Nazianze, Docteur de l’Eglise [329-390]).

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Le Seigneur veut nous faire entendre que de même qu'Il fut soumis sur terre à celui qu'on appelait son père, qui était son père nourricier, et qui à ce titre pouvait lui commander, Il fait encore au ciel tout ce qu'il lui demande.  (Sainte Thérèse d'Avila [1515-1582])


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Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours 
à Vous sans se voir exaucé.

2.5.2. En quoi consiste l'essence du mariage

Pour nous convaincre du fait que l'union des saints Epoux, Joseph et Marie, fut un véritable mariage, il faut d'abord nous rappeler que l'essence ou la forme de ce contrat consiste dans l'union de l'homme et de la femme, par laquelle ces personnes se donnent mutuellement un droit sur leur propre corps, en vue de la génération des enfants. - Nous disons en vue de la génération des enfants; ce qui veut dire que la donation dont nous parlons ne contient pas nécessairement l'accomplissement de l'acte matrimonial, mais seulement le pouvoir de l'accomplir, soit que les époux consentent à se servir de ce pouvoir, soit qu'ils choisissent librement de s'en abstenir, ou qu'ils en soient empêchés par une force majeure, comme serait, par exemple, une absence indéfiniment prolongée.
Il faut donc distinguer le droit qu'ont les époux sur le corps de leur conjoint, de l'exercice de ce même droit; par conséquent, un mariage pourra être valide, même s'il est contracté avec la condition formulée de part et d'autre, de s'abstenir, d'une manière honnête, de l'acte conjugal, soit que cette condition représente l'expression d'une simple intention, soit qu'elle s'accompagne d'une promesse formelle faite à Dieu, promesse que nous appelons un vœu. C'est pourquoi l'Église reconnaît comme valide l'union matrimoniale contractée par des personnes ayant émis le vœu de chasteté perpétuelle. Elle défend cependant de contracter cette sorte d'union, de peur que les conjoints ne s'exposent au danger de rompre leurs saintes promesses.


« Jésus règne, Marie gouverne, Joseph administre » (Marguerite du Saint-Sacrement, carmélite à Beaune [1619-1648]).

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« Le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur » (saint Grégoire de Nazianze, Docteur de l’Eglise [329-390]).

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Le Seigneur veut nous faire entendre que de même qu'Il fut soumis sur terre à celui qu'on appelait son père, qui était son père nourricier, et qui à ce titre pouvait lui commander, Il fait encore au ciel tout ce qu'il lui demande.  (Sainte Thérèse d'Avila [1515-1582])


Thursday, December 5, 2013

06122013 : 2. 5.1. Le fait du mariage de saint Joseph avec la très sainte Vierge, principe et raison d'être de toutes ses grandeurs


Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours 
à Vous sans se voir exaucé.

2.5. CHAPITRE IV - LE MARIACE DE SAINT JOSEPH AVEC LA TRÈS SAINTE VIERGE


2. 5.1. Le fait du mariage de saint Joseph avec la très sainte Vierge, principe et raison d'être de toutes ses grandeurs

Nous avons dit que l'élection de saint Joseph à l'insigne dignité de Père nourricier du Verbe incarné et au suprême degré de gloire auquel il avait été prédestiné de toute éternité, dépendait, dans l'ordre de l'exécution, du fait de son mariage avec la très sainte Vierge. C'est pourquoi il est d'une souveraine importance, dans le sujet que nous traitons, de bien établir, à la double lumière de l'autorité et de la raison, les preuves de cette union singulière entre deux époux également liés par le vœu de virginité.
Cette délicate question, comme on le voit, regarde également la très sainte Mère de Dieu, et nous l'avons traitée avec une certaine ampleur dans le traité que nous avons écrit sur cette Vierge bénie[104]; nous ne pouvons cependant pas nous dispenser de rappeler ici les grands principes qui nous conduisent à conclure à la réalité de cet auguste mariage. La difficulté, comme nous l'avons fait remarquer, vient précisément du vœu de virginité émis préalablement par chacun des saints époux.
C'est précisément cette circonstance du vœu de virginité qui a porté plusieurs auteurs à nier catégoriquement la réalité du mariage de Marie avec saint Joseph. Considérant comment le vœu de chasteté virginale entraîne avec soi le renoncement à l'usage du mariage, ils ont pris ce que l'Ecriture rapporte de l'union de Marie avec Joseph, pour de simples épousailles et non pas pour une véritable union conjugale. D'autres auteurs, tout en admettant la possibilité d'une telle union, nonobstant le vœu de virginité, ont cru plus conforme à l'honneur de ces saintes personnes de dire qu'elles se sont abstenues de contracter un véritable mariage, pour ne pas s'exposer au danger d'enfreindre leurs promesses.
Ne parlons pas de certains hérétiques, tels que Pierre Martyr et les Centuriateurs, qui ont admis la vérité de ce mariage en ce sens que les deux époux auraient consenti à se servir de l'union matrimoniale, sans reculer devant la violation de leurs saintes promesses. Nous repoussons avec indignation de tels blasphèmes. Nous soutenons que Marie fut unie à saint Joseph, sans que la virginité de l'un et de l'autre, virginité promise à Dieu par un vœu formel, en subit la moindre atteinte.
Ce mariage est vraiment la plus belle, la plus noble, la plus sainte, et, ajoutons, dans un certain sens, la plus féconde, de toutes les unions matrimoniales qui ont jamais existé. C'est le phare lumineux placé sur le sommet du monde pour l'admiration des générations qui se succéderont jusqu'à la fin des temps.

« Jésus règne, Marie gouverne, Joseph administre » (Marguerite du Saint-Sacrement, carmélite à Beaune [1619-1648]).

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« Le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur » (saint Grégoire de Nazianze, Docteur de l’Eglise [329-390]).

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Le Seigneur veut nous faire entendre que de même qu'Il fut soumis sur terre à celui qu'on appelait son père, qui était son père nourricier, et qui à ce titre pouvait lui commander, Il fait encore au ciel tout ce qu'il lui demande.  (Sainte Thérèse d'Avila [1515-1582])


Wednesday, December 4, 2013

05122013 : Conclusion


Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours 
à Vous sans se voir exaucé.

2.4.12. Conclusion

Nous arrivons à la conclusion finale, qui est que la cause méritoire première de l'élection de saint Joseph, à la dignité d'Epoux de la très sainte Vierge, dans l'ordre de l'exécution, fut le mérite de Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même, mérite de condigno, que Dieu, dans sa bonté, avait ordonné à cette fin.
En effet, quelques privilèges que les hommes aient jamais pu acquérir, dans le Nouveau, comme dans l'Ancien Testament, ils les doivent tous aux mérites de Notre-Seigneur qui, étant le chef de l'Eglise, est la cause universelle de notre sanctification. La sainte Vierge elle-même n'a été exemptée du péché originel, qu'en vue des mérites futurs de notre divin Sauveur. Les mérites de la Mère de Dieu ont concouru, eux aussi, mais par une sorte de convenance, de congruo, à réaliser l'élection de saint Joseph à la dignité à laquelle il avait été prédestiné. Enfin les mérites de saint Joseph, appuyés, comme nous l'avons dit, sur ceux de Jésus-Christ, lui ont valu cette prérogative unique, d'être choisi par Dieu comme véritable Epoux de Marie et Père putatif du Verbe incarné.
De cette manière tous les membres de la sainte Famille, chacun à sa manière, ont concouru à cet heureux événement, qui devait procurer une si grande gloire à la très sainte Trinité et un si grand bien à la société des élus


« Jésus règne, Marie gouverne, Joseph administre » (Marguerite du Saint-Sacrement, carmélite à Beaune [1619-1648]).

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« Le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur » (saint Grégoire de Nazianze, Docteur de l’Eglise [329-390]).

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Le Seigneur veut nous faire entendre que de même qu'Il fut soumis sur terre à celui qu'on appelait son père, qui était son père nourricier, et qui à ce titre pouvait lui commander, Il fait encore au ciel tout ce qu'il lui demande.  (Sainte Thérèse d'Avila [1515-1582])


04122013 / Choix de Saint Joseph à la dignité d'Epoux de Marie, dû à ses mérites


Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours 
à Vous sans se voir exaucé.


Pour revenir au glorieux Patriarche, disons que sa sainteté et sa chasteté dépassant celles de tous les hommes qui vivaient alors sur la terre, excepté la Vierge de Nazareth, ses mérites augmentèrent dans des proportions immenses. Aussi Dieu voulut-il établir un rapport exact, entre ses mêmes mérites et la haute dignité à laquelle il l'avait destiné.
D'autre part, cette même dignité devait être, pour saint Joseph, un moyen très efficace de croître en grâce et d'obtenir finalement le degré de gloire auquel il était prédestiné.
Ainsi, toutes les actions que le saint Patriarche avait accomplies jusqu'alors, avaient été, sous la motion de la grâce, comme autant de retouches de l'artiste divin, qui embellissaient son âme et la rendaient digne de sa sublime mission. Car, si la dignité incomparable d'Epoux de Marie exigeait dans celui qui devait en être revêtu une sainteté sans pareille, cette même sainteté, se trouvant de fait dans le glorieux Patriarche, ne pouvait être dignement couronnée, que par une récompense sans exemple, celle précisément d'être choisi pour Epoux de la Vierge Mère, type achevé de toute pureté.
Béni soit le Très-Haut, pour avoir accordé au glorieux saint Joseph une faveur si extraordinaire! Apprenons de ce grand Patriarche, à accomplir saintement toutes les actions de notre vie, et à profiter, comme lui, des secours de la grâce et des moyens que Dieu nous donne pour croître dans la charité et parvenir au salut.


« Jésus règne, Marie gouverne, Joseph administre » (Marguerite du Saint-Sacrement, carmélite à Beaune [1619-1648]).

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« Le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur » (saint Grégoire de Nazianze, Docteur de l’Eglise [329-390]).

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Le Seigneur veut nous faire entendre que de même qu'Il fut soumis sur terre à celui qu'on appelait son père, qui était son père nourricier, et qui à ce titre pouvait lui commander, Il fait encore au ciel tout ce qu'il lui demande.  (Sainte Thérèse d'Avila [1515-1582])


Monday, December 2, 2013

03122013 / 2.4.10. Question

Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours 
à Vous sans se voir exaucé.

Question

Qu'il nous soit permis ici de proposer et résoudre une question qui a trait au sujet qui nous occupe et qui intéresse particulièrement la vie des personnes ecclésiastiques.
De ce que saint Joseph a obtenu, par ses mérites, la réalisation de son élection à la dignité d'Epoux de la Bienheureuse Vierge, peut-on conclure que tous ceux qui sont appelés à occuper une place dans la hiérarchie ecclésiastique doivent cette faveur à leurs mérites personnels?
Non, cette conclusion ne peut s'admettre dans sa généralité. Il est des cas où ceci peut avoir lieu : c'est ainsi que nous lisons de saint Pierre Martyr, dans la collecte du jour de sa fête, qu'il mérita d'obtenir la palme du martyre. Mais ce serait une erreur de vouloir trop généraliser. N'est-ce pas à la grâce divine, et nullement à ses mérites personnels, que le grand saint Paul fut redevable de sa vocation à l'apostolat? « Si saint Paul a obtenu la grâce, observe saint Augustin[102], ce n'est certes pas à ses bons mérites qu'il le doit; au contraire, nous savons quels démérites il s'était acquis. »
Le mérite regarde donc l'augmentation de la grâce et l'acquisition de la vie éternelle, en tant que Dieu nous meut à faire le bien pour cette fin; quant aux autres choses, telles que les biens temporels, la vocation à l'apostolat et autres semblables, elles peuvent bien être l'objet du mérite de condigno, non pas absolument parlant, mais en tant que ce sont là des moyens pour augmenter la grâce et procurer la gloire finale. « Cela tombe sous le mérite de condigno, dit saint Thomas[103], à quoi la motion de la grâce s'étend. Or la motion d'un être qui meut une chose ne s'étend pas seulement au terme dernier du mouvement, mais aussi à toute la suite du mouvement. »

« Jésus règne, Marie gouverne, Joseph administre » (Marguerite du Saint-Sacrement, carmélite à Beaune [1619-1648]).

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« Le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur » (saint Grégoire de Nazianze, Docteur de l’Eglise [329-390]).

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Le Seigneur veut nous faire entendre que de même qu'Il fut soumis sur terre à celui qu'on appelait son père, qui était son père nourricier, et qui à ce titre pouvait lui commander, Il fait encore au ciel tout ce qu'il lui demande.  (Sainte Thérèse d'Avila [1515-1582])

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02122013 / 2.4.9. Le mérite de saint Joseph par rapport à celui de ses frères

Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours 
à Vous sans se voir exaucé.

Le mérite de Saint Joseph par rapport à celui de ses frères

On peut aller plus loin encore et dire que d'autres jeunes hommes, peut-être, se trouvaient aussi proches parents de Marie que saint Joseph et ainsi auraient eu également droit à sa main. D'abord, une tradition constante veut que saint Joseph ait eu pour frère Cléophas, ou Alphaeus, que l'Ecriture nous montre comme étant le père de Jacques le Mineur[99]. En outre, de graves auteurs nous donnent aussi saint Joachim comme frère de saint Joseph selon la nature, et dans ce cas, Marie aurait été la nièce de son Epoux.[100] Pour Joachim, il ne pouvait pas être question d'union nuptiale avec Marie, puisque par son mariage avec Anne, il était devenu son père selon la nature; pour Cléophas, la chose aurait été possible, n'eût été son mariage avec cette autre Marie, que l'Ecriture appelle précisément Marie de Cléophas[101]. Il ne restait donc que saint Joseph que, d'un côté, les circonstances indiquaient comme devant être l'Epoux de Marie, et que, de l'autre, ses mérites personnels rendaient entièrement digne de ce choix.
D'ailleurs, comme Marie était liée à Dieu par le vœu de chasteté, elle aurait très bien pu s'abstenir entièrement de tout mariage; aussi bien, peut-on attribuer aux mérites de saint Joseph, que Dieu ait incliné la volonté de la future Mère du Sauveur à contracter avec lui l'union matrimoniale



****« Jésus règne, Marie gouverne, Joseph administre » (Marguerite du Saint-Sacrement, carmélite à Beaune [1619-1648]).

****« Le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur » (saint Grégoire de Nazianze, Docteur de l’Eglise [329-390]).

****Le Seigneur veut nous faire entendre que de même qu'Il fut soumis sur terre à celui qu'on appelait son père, qui était son père nourricier, et qui à ce titre pouvait lui commander, Il fait encore au ciel tout ce qu'il lui demande. (Sainte Thérèse d'Avila [1515-1582])

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01122013 / 2.4.8. On résout quelques objections

Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours 
à Vous sans se voir exaucé.

On résout quelques objections

Contre cette thèse du mérite de saint Joseph, concourant comme cause déterminante à son élection à la dignité d'Epoux de Marie et de Père putatif de Jésus, on objectera peut-être que ni les mérites du Sauveur, ni ceux de la sainte Vierge n'ont concouru, dans l'ordre de l'exécution du plan divin, à l'élection, pour Jésus, de la filiation divine, pour Marie, de la divine maternité; et cependant les mérites de l'un et de l'autre n'étaient certainement pas inférieurs à ceux de saint Joseph
Nous répondons que la raison pour laquelle saint Joseph a pu mériter et a mérité en réalité cette dignité, n'est pas que ses mérites fussent supérieurs à ceux de Jésus et de Marie; mais à ce fait, qu'il y avait proportion entre ses mérites et la dignité que Dieu lui conférait, proportion qui manque entre les mérites de Jésus et de Marie et leurs dignités respectives. Quant à la dignité de Jésus ainsi qu'à celle de Marie, elles appartiennent intrinsèquement, comme nous l'avons dit, à l'ordre de l'Incarnation; ce qui n'est pas le cas pour la dignité de saint Joseph, qui ne surpassa pas l'ordre des choses créées, et qui par conséquent conserve une certaine proportion avec les mérites du glorieux Patriarche. La dignité de saint Joseph ne sort pas du cadre de la grâce sanctifiante, puisque la raison d'être de son élection à l'office d'Epoux de Marie et de Père nourricier de Jésus fut le fait d'être plus uni à Dieu par les liens de la charité.
Qu'on ne dise pas non plus que les saints Patriarches de l'Ancien Testament n'ont mérité que de congruo les circonstances de l'Incarnation, dont précisément fait partie la dignité de saint Joseph. La raison pour laquelle ces anciens Pères n'ont mérité ces circonstances que de congruo, est que l'objet de leur mérite, c'est-à-dire les circonstances de lieu, de temps, de personnes, ne leur appartenaient pas personnellement, tandis que la dignité de saint Joseph était son bien propre à lui : or nous savons que si un homme en état de grâce mérite pour un autre, il ne peut le faire que de congruo, tandis que pour lui-même, toute proportion gardée, il peut, selon les enseignements de la théologie, mériter de condigno[98].
Nous avons rappelé comment le motif qui détermina la très sainte Vierge à choisir saint Joseph pour son Epoux, fut la prescription de la loi de Moïse, qui ne lui permettait pas de s'unir en mariage avec un homme d'une autre famille. Mais il faudrait bien nous garder de voir, dans cette disposition légale, un obstacle au mérite du saint Patriarche. Nous savons que deux ou plusieurs causes d'ordres différents peuvent très bien marcher de pair dans la production d'un même effet. Dans notre cas, ces deux causes, la loi de Moïse et le mérite de saint Joseph appartiennent à deux ordres différents mais se complètent mutuellement : la première cause est l'œuvre de l'Esprit Saint; la seconde, l'œuvre du saint Patriarche.


« Jésus règne, Marie gouverne, Joseph administre » (Marguerite du Saint-Sacrement, carmélite à Beaune [1619-1648]).

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« Le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur » (saint Grégoire de Nazianze, Docteur de l’Eglise [329-390]).

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Le Seigneur veut nous faire entendre que de même qu'Il fut soumis sur terre à celui qu'on appelait son père, qui était son père nourricier, et qui à ce titre pouvait lui commander, Il fait encore au ciel tout ce qu'il lui demande.  (Sainte Thérèse d'Avila [1515-1582])
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30112011 / 2.4.7Mérite personnel de saint Joseph par rapport à son élection à la dignité d'Époux de la Vierge Marie
Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours 
à Vous sans se voir exaucé.

Mérite personnel de saint Joseph par rapport à son élection à la dignité d'Époux de la Vierge Marie

Nous abordons ici le second doute se rapportant à l'élection de saint Joseph à la dignité d'Epoux de la Vierge Marie : jusqu'à quel point ses mérites personnels ont-ils contribué à lui assurer un si grand privilège ?
D'abord, il est à peine besoin de rappeler ce que nous avons déjà dit, à savoir que nous ne parlons pas ici de l'élection de saint Joseph à cette dignité, selon que ce mot, élection, est synonyme de prédestination, ou au moins fait partie de l'acte par lequel Dieu choisit de toute éternité une personne à un certain degré de gloire éternelle : l'élection, prise dans ce sens, est entièrement gratuite et ne peut être influencée par aucune cause seconde. Il s'agit donc de l'exécution du plan divin, c'est-à-dire, des moyens choisis par Dieu pour obtenir, dans le temps, le résultat voulu.
Nous avons déjà mentionné les circonstances extérieures qui ont déterminé le choix du saint époux. Ces circonstances, avons-nous dit, étaient les prescriptions de la loi de Moïse par rapport aux contrats de mariages chez les Juifs. La stricte parenté, existant entre Marie et Joseph, fut le motif extérieur qui détermina le choix de Joseph à la dignité d'Epoux de Marie.
Mais, outre cela, il y eut un motif intérieur : ce motif fut l'insigne mérite du saint Patriarche.
Rappelons d'abord que le mérite est de deux sortes : l'un est dit de condigno, l'autre de congruo. Celui-là consiste en ce que la bonne œuvre que nous faisons procède en vertu de la motion divine, c'est-à-dire, en tant que l'homme est mû par le don de la grâce vers la fin à laquelle il est destiné, qui est la vie éternelle. De cette manière, l'homme peut mériter non seulement la béatitude finale, mais aussi l'augmentation de la grâce et jusqu'aux biens temporels, en tant que ceux-ci sont utiles pour accomplir les œuvres de vertu qui nous conduisent à la gloire. Le mérite de congrue, consiste en ce que la bonne œuvre que nous faisons procède du libre arbitre, c'est-à-dire, en tant que nous l'accomplissons librement; car il est convenable que, tandis que l'homme se sert dignement de son libre arbitre, Dieu, de son côté, agisse encore plus excellemment selon son pouvoir transcendant, qui n'est autre que sa bonté même.
Ces considérations nous amènent à affirmer que le glorieux saint Joseph mérita, non pas seulement de congruo, mais aussi de condigno, selon l'ordre établi par la divine Providence dans ses décrets éternels, le privilège d'être élu à la dignité d'Epoux de la très sainte Vierge et de Père putatif de Jésus-Christ. Car, d'une part, ce que nous acquérons par nos propres mérites rejaillit à notre honneur plus que ce que nous recevons gratis; d'autre part, saint Joseph, en vertu de la grâce du Saint-Esprit, put être dirigé par lui, même sans qu'il le sût, à cette insigne dignité, dont la nature ne surpassait pas la valeur de ses mérites. Nous pouvons donc conclure que c'est à ses propres mérites, comme à une cause directe et immédiate, que saint Joseph dut d'être choisi, de préférence à tout autre concurrent, à cette incomparable dignité, en tant que cette même dignité devait le préparer à la gloire sublime qui l'attendait au ciel.
Mais, comme nous ne devons rien avancer en théologie qui nesoit fondé sur l'Ecriture sainte ou sur l'autorité de l'Eglise, voyons maintenant si d'une source ou de l'autre nous pouvons tirer quelque preuve en faveur de notre thèse.
Ouvrons 1'Evangile de saint Matthieu, et qu'y lisons-nous ?[96] « Joseph, fils de David, est-il dit, ne craignez pas de garder Marie comme votre épouse. » Ces paroles de l'Ange ne supposent-elles pas, chez saint Joseph, un droit acquis par ses mérites, à la main de Marie, soit qu'il ne l'eût pas encore choisie pour son épouse, soit que, comme nous l'avons enseigné, elle habitât déjà avec lui?
L'autorité de la sainte Liturgie n'est pas moins explicite. Dans l'hymne des Vêpres de la fête de saint Joseph, l'Eglise chante ces paroles : « Illustre par vos mérites, vous avez été uni, par un chaste lien, à la Vierge célèbre. » Les paroles de saint Bernard ne sont pas moins explicites [97]: « Il n'y a point de doute que ce Joseph, auquel la Mère du Sauveur fut donnée en mariage, ne fût un homme bon et fidèle. Il fut, dis-je, ce serviteur fidèle et prudent, que le Seigneur a choisi pour être la consolation de sa Mère, et le nourricier de sa chair. »


****« Jésus règne, Marie gouverne, Joseph administre » (Marguerite du Saint-Sacrement, carmélite à Beaune [1619-1648]).

****« Le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur » (saint Grégoire de Nazianze, Docteur de l’Eglise [329-390]).

****Le Seigneur veut nous faire entendre que de même qu'Il fut soumis sur terre à celui qu'on appelait son père, qui était son père nourricier, et qui à ce titre pouvait lui commander, Il fait encore au ciel tout ce qu'il lui demande. (Sainte Thérèse d'Avila [1515-1582])

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29112011 / 2.4.6. Marie, fille unique de ses parents
Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours 
à Vous sans se voir exaucé.

Marie, fille unique de ses parents

D'après ce que nous avons dit, on peut à peine douter que Marie fût l'unique enfant des saints époux, Joachim et Anne. Le beau mot de Fulbert de Chartres, nous en donne une garantie. « Heureux Joachim, dit-il[95], plus heureux que tous les autres pères, vous méritâtes d'être appelé l'auteur d'une si heureuse enfant! Aussi bien, êtes-vous heureux, pour avoir mérité de recueillir sous votre toit non plusieurs enfants, mais une seule jeune fille, qui devait concevoir et mettre au monde l'unique Fils de Dieu. Non, il ne convenait pas que les très saints parents de cette Vierge singulière fussent maculés par la propagation de plusieurs enfants, eux qui devaient être les soutiens et les éducateurs excellents de l'unique Mère de Notre-Seigneur. »
Ajoutons encore cette remarque que, si la très sainte Vierge n'avait pas été la fille unique de ses parents et l'héritière de leurs biens, il n'y aurait pas eu pour elle de motif d'entreprendre le voyage de Nazareth à Bethléem, surtout dans l'état de grossesse où elle se trouvait. Mais elle le fit, en conformité des ordres de César, qui avait commandé le recensement des familles, précisément en vue de l'enregistrement des biens familiaux sur les cadastres impériaux. Marie était donc fille unique de Joachim et d'Anne, et il serait souverainement téméraire de lui attribuer des frères et des sœurs.
Il nous faut donc conclure que Dieu n'a pas choisi d'autres moyens de pourvoir au mariage de saint Joseph avec la très sainte Vierge, si ce n'est les prescriptions de la loi de Moïse, prescriptions que lui-même avait inspirées, croyons-nous, en vue de cette sainte alliance, qui devait aboutir à la naissance de son Fils bien-aimé sur la terre. Ainsi donc, les lois dictées par Moïse dans l'Ancien Testament devaient, dans ce cas encore, servir à l'accomplissement des desseins divins, par rapport aux saints parents de Jésus-Christ

****« Jésus règne, Marie gouverne, Joseph administre » (Marguerite du Saint-Sacrement, carmélite à Beaune [1619-1648]).

****« Le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur » (saint Grégoire de Nazianze, Docteur de l’Eglise [329-390]).

****Le Seigneur veut nous faire entendre que de même qu'Il fut soumis sur terre à celui qu'on appelait son père, qui était son père nourricier, et qui à ce titre pouvait lui commander, Il fait encore au ciel tout ce qu'il lui demande. (Sainte Thérèse d'Avila [1515-1582])

Wednesday, November 27, 2013

28112013 : Loi régissant l'union matrimoniale chez les Juifs


Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours 
à Vous sans se voir exaucé.


Ayant établi la parenté naturelle existant entre Marie et Joseph, voyons maintenant quelle était la loi qui régissait les mariages des Juifs. Cette loi se trouve enregistrée au Livre des Nombres dans le texte suivant [88] :
« voici la loi qui a été établie par le Seigneur au sujet des filles de Salphaad. Elles se marieront à qui elles voudront, pourvu que ce soit à des hommes de leur tribu; afin que l'héritage des enfants d'Israël ne se confonde point, en passant d'une tribu à une autre. Car tous les hommes prendront des femmes de leur tribu et de leur famille; et toutes les femmes prendront des maris de leur tribu; afin que les mêmes héritages demeurent toujours dans les familles, et que les tribus ne soient point mêlées les unes avec les autres, mais qu'elles demeurent toujours séparées entre elles, comme elles l'ont été par le Seigneur.»
Il nous faut ici faire deux observations. La première est que cette loi ayant été faite pour sauvegarder la distinction des héritages chez les Hébreux, celles-là seulement, parmi les jeunes filles juives, y étaient tenues, qui étaient les héritières de biens paternels, comme il appert de tout le contexte du chapitre cité et en particulier du verset septième selon le texte hébreu; deuxièmement, ces jeunes filles héritières étaient tenues à prendre pour maris des jeunes gens non seulement de leur tribu, mais aussi de leur propre famille; comme il résulte encore du texte hébreu[89]. C'est là, d'ailleurs, nous dit l'Ecriture au même endroit, la règle que suivirent les filles de Salphaad qui, ayant obtenu l'héritage paternel, se marièrent à des hommes de leur propre famille ; ce qui fit que la possession à elles attribuée demeura dans la tribu et dans la famille de leurs pères.
On pourrait apporter à l'appui de ce que nous disons ici ces paroles du père de Sara à Tobie[90]: « Et je crois que Dieu vous a fait venir vers moi, uniquement pour que cette jeune fille se mariât dans sa parenté selon la loi de Moïse. » De graves auteurs pensent, en effet, que les sept premiers maris de Sara furent frappés de mort, précisément parce que celle-ci ne les avait pas choisis dans sa tribu et sa famille.
Mais il est temps que nous tirions la conclusion de tout ce que nous avons dit jusqu'ici par rapport au moyen établi par Dieu pour assurer l'élection de saint Joseph à l'insigne dignité d'Epoux de la très sainte Vierge. Ce moyen, disons-nous, fut leur relation de proche parenté qui, selon la loi de Moïse, les obligeait à s'unir en mariage.
Et que ce soit là le sentiment des saints Pères et des écrivains ecclésiastiques, nous en avons la preuve dans ces paroles de saint Jérôme [91]: « Joseph et Marie étaient de la même tribu : c'est pourquoi celui-là était tenu à prendre celle-ci comme proche parente; en outre nous les voyons ensemble à Bethléem, étant nés d'une même souche. » Et saint Jean Damascène[92]: « La loi prescrivait qu'aucune tribu n'allât chercher des épouses dans d'autres tribus : aussi Joseph, issu de la souche de David et étant un homme juste..., n'aurait pas pris pour Epouse la sainte Vierge contre la prescription de la loi, s'il n'avait tiré son origine du même sceptre et de la même tribu; c'est pourquoi l'Evangéliste se contente de signaler l'origine de Joseph. » Ecoutons encore saint André de Crète [93]: « D'après la loi, Joseph ne devait épouser qu'une femme issue de sa tribu... Si donc il était de la tribu de Juda. et de la maison et famille de David, n'est-il pas naturel de conclure que Marie, elle aussi, appartenait à cette maison et à cette famille ?... De là vient qu'on enregistre la famille de l'époux. »
On objectera que la famille de la très sainte Vierge était trop pauvre, pour qu'on puisse parler, dans son cas, de biens à hériter. Nous répondons que, de ce que nous disent les Evangélistes, on peut déduire que les parents de Marie, Joachim et Anne, vivaient en réalité dans la pauvreté; mais c'était une pauvreté qui n'était pas de la misère. Comme, plus tard, le divin Sauveur posséda quelque argent pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses disciples bien-aimés, ainsi pouvons-nous retenir que la divine Providence, qui n'abandonne jamais le juste et ne permet pas que ses enfants aillent mendier leur pain[94], avait suffisamment pourvu aux besoins de la famille de Joachim, pour que Marie pût hériter de quelques biens paternels, pour le moins de la maison que l'on montre encore à Jérusalem et qu'on nomme la maison de sainte Anne, où la tradition veut que Marie soit née.

« Jésus règne, Marie gouverne, Joseph administre » (Marguerite du Saint-Sacrement, carmélite à Beaune [1619-1648]).

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« Le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur » (saint Grégoire de Nazianze, Docteur de l’Eglise [329-390]).

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Le Seigneur veut nous faire entendre que de même qu'Il fut soumis sur terre à celui qu'on appelait son père, qui était son père nourricier, et qui à ce titre pouvait lui commander, Il fait encore au ciel tout ce qu'il lui demande.  (Sainte Thérèse d'Avila [1515-1582])

Tuesday, November 26, 2013

27112013 : La parenté de Saint Joseph avec Marie, véritable motif qui détermina son élection à la dignité d'Epoux de cette Vierge toute sainte.


Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours 
à Vous sans se voir exaucé.

2.4.4. La parenté de Saint Joseph avec Marie, véritable motif qui détermina son élection à la dignité d'Epoux de cette Vierge toute sainte

Venons maintenant au véritable motif qui détermina le choix de saint Joseph à l'insigne dignité d'Epoux de la Mère de Dieu. Ce motif, disons-nous, est le fait de sa propre parenté avec Marie, parenté qui, selon la loi de Moïse, l'obligeait à s'unir à elle par les liens du mariage.
Deux choses sont ici à démontrer; la première, le fait de la relation de proche consanguinité de Joseph avec Marie; la seconde. l'existence d'une loi, dans le code mosaïque, prescrivant l'union matrimoniale entre personnes se trouvant dans ce cas. De cette manière. le choix de saint Joseph à cette insigne dignité se trouvait tout indiqué : il était dû non à une intervention divine immédiate, mais aux règles tracées jadis par Dieu lui-même, et promulguées par Moïse, en vue surtout, disons-le avec confiance, de cette sublime union matrimoniale qui devait unir les deux plus saintes personnes que, après Jésus, notre terre ait jamais portées.
D'abord on ne peut nier qu'il existât, entre Marie et Joseph, une relation de proche parenté. En effet, s'il en était autrement, les Evangélistes, saint Matthieu et saint Luc, n'auraient pas pu rattacher au saint Patriarche la généalogie du Christ né de Marie par l'opération du Saint-Esprit. Les écrivains sacrés ont cherché à expliquer, chacun à sa manière, comment ces deux Évangélistes ont pu faire descendre le Christ de saint Joseph. Nous choisissons, comme plus probable, l'opinion de saint Jean Damascène, opinion la plus autorisée et suivie par la majeure partie des commentateurs, selon laquelle saint Joseph, fils de Jacob selon la nature (secundum carnem), comme nous lisons dans l'Evangile de saint Matthieu, aurait été en même temps, fils légal d'Héli, frère utérin de Jacob, et par ce même Héli, que l'Evangile de saint Luc nous donne comme descendant de Lévi, consanguin de Marie, fille de Joachim.
Citons ici les paroles du saint Docteur de Damas, dont le Bréviaire Romain a adopté le sentiment[84], comme le plus digne de notre attention. « De la souche de Nathan, fils de David, écrit-il[85] Lévi vint au monde. Il engendra Melchi et Panther. Panther, de son côté, engendra Barpanther, car c'est ainsi qu'il s'appelait. Barpanther engendra Joachim, et Joachim engendra la sainte Mère de Dieu. D'un autre côté, de la souche de Salomon, fils de David, Mathan eut une épouse, de laquelle il engendra Jacob (père de Joseph). Mathan étant mort, Melchi, de la tribu de Nathan, fils de Levi et frère de Panther, prit en mariage la femme de ce même Mathan, qui était en même temps la mère de Jacob, et il en engendra Héli. C'est pourquoi Jacob et Héli étaient frères utérins : celui-là, de la tribu de Salomon; celui-ci, de la tribu de Nathan. D'autre part, Héli, qui était de la tribu de Nathan, mourut sans avoir eu d'enfants; en conséquence, son frère, qui était de la tribu de Salomon, prit sa femme en mariage; et ainsi suscitant une postérité à son frère, engendra Joseph. C'est pourquoi Joseph, selon la nature, était fils de Jacob, né de la maison de Salomon; mais, selon la loi, il était fils d'Héli, issu de Nathan. »
Notons, en passant, que ce qui est dit ici, à savoir que le frère d'Héli, c'est-à-dire Jacob, prit sa femme en mariage, afin de susciter une postérité à son frère, se rapporte au droit du lévirat, dont il est dit dans le Deutéronome[86]: « Quand des frères habiteront ensemble, et l'un d'eux sera mort sans enfants, la femme du défunt ne se mariera pas à un autre, mais le frère de son mari l'épousera et suscitera des enfants à son frère. »
Le lecteur nous saura gré de lui mettre sous les yeux ce tableau généalogique, qui résume clairement la pensée du saint Docteur de Damas.


         | -> Salomon -> ...         -> Matthan |
         |                                      |     ->   Jacob    |
         |                              Estham* |  |                |  -> JOSEPH
David -> |                                         |    épouse** |  |
         |                                         |             |
         |                                         |  ->    Héli |
         |                             | Melchi    |
         | -> Nathan -> ... -> Lévi -> |
                                       | Phanther -> Barpanther -> Joachim -> MARIE
         
         
         
*  Mathan meurt après avoir engendré Jacob avec sa femme Estham. Melchi prend Estham pour femme. 
** Jacob, frère utérin de Héli mort sans enfant, prend sa femme comme épouse, elle lui donne Joseph.

D'après ces données, il est facile de résoudre l'apparente divergence qu'il y a entre la généalogie de saint Matthieu et celle de saint Luc. Dans celle-là, saint Joseph est inscrit comme fils de Jacob selon la nature, dans celle-ci, il apparaît comme fils légal d'Héli dont, pour se conformer à la prescription de la loi de Moïse, Jacob avait pris la femme en mariage, pour susciter une descendance à son frère.
Notons, en passant, l'allusion que fait saint Ambroise à cette loi du lévirat pour mettre en relief l'œuvre de la Rédemption du pence humain, accomplie par Jésus-Christ. « La stérilité, dit-il en d'autres termes, avait frappé notre premier père qui, par son péché encourut le décret de mort pour lui et pour tous ses descendants; il appartenait à son frère, le nouvel Adam, de susciter pour lui une postérité de grâce, source de vie et de résurrection[87]. »
Notons encore que certains auteurs ont cru pouvoir identifier Panther et Barpanther, dont saint Jean Damascène parle dans la série des ascendants de Jésus-Christ du côté de la sainte Vierge avec Melchi et Héli : dans ce cas, saint Joachim serait lui aussi fils de Jacob et frère de Joseph, et par conséquent l'oncle de Marie. Mais ce sont là des conjectures qu'il est impossible de tirer au clair.
« Jésus règne, Marie gouverne, Joseph administre » (Marguerite du Saint-Sacrement, carmélite à Beaune [1619-1648]).

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« Le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur » (saint Grégoire de Nazianze, Docteur de l’Eglise [329-390]).

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Le Seigneur veut nous faire entendre que de même qu'Il fut soumis sur terre à celui qu'on appelait son père, qui était son père nourricier, et qui à ce titre pouvait lui commander, Il fait encore au ciel tout ce qu'il lui demande.  (Sainte Thérèse d'Avila [1515-1582])