Saturday, November 16, 2013

17112013 : Joseph, fils de Jacob, figure archétype de Saint Joseph, époux de Marie


"Souvenez-vous, O le meilleur des Pères, qu’on n’a jamais eu recours 
à Vous sans se voir exaucé.

Joseph, fils de Jacob, figure archétype de Saint Joseph, époux de Marie

C'est une vérité, reconnue par l'Eglise, unanimement enseignée par les écrivains sacrés et profondément enracinée dans le coeur des fidèles, que l'ancien Joseph, fils du Patriarche Jacob qui sauva l'Egypte de la famine, fut une figure archétype du chaste époux de Marie. Aussi peut-on affirmer que cette vérité appartient au trésor de la révélation. « Plusieurs Pères de l'Eglise, dit Léon XIII[35], ont été d'avis, et la sainte liturgie elle-même le confirme, que le Joseph des temps anciens, fils du Patriarche Jacob, était une ébauche de la personne et des offices de notre Joseph, annonçant ainsi, par la splendeur de sa sainteté, la grandeur du futur gardien de la divine Famille. » Voyons maintenant les nombreux points de ressemblance qui existent entre les deux Joseph.
D'abord, on ne peut manquer d'observer la prédilection dont l'ancien Joseph fut entouré de la part de Jacob et celle qu'eut Dieu pour le nouveau Joseph, l'Ecriture nous les montrant tous deux comme étant les objets d'un amour spécial et de bénédictions nombreuses. Citons à l'appui, deux passages de la Genèse. Dans le premier, il est dit [36] : « Israël aimait Joseph plus que tous ses fils, parce qu'il l'avait engendré dans sa vieillesse, et il lui avait fait faire une tunique de plusieurs couleurs. » Dans le second, nous lisons [37] : « Le Tout-Puissant te comblera des bénédictions du haut du ciel... Les bénédictions que te donne ton père surpassent celles qu'il a reçues de ses pères », ce qui veut dire, je te bénis, moi, plus que je n'ai été béni par mon propre père. Que ces paroles s'appliquent au glorieux Epoux de Marie, nous ne pouvons en douter; car sa prédestination à un office si sublime et à une dignité si grande nous force à conclure à une prédilection spéciale de la part de Dieu à son égard.
Un autre motif de rapprochement entre l'ancien Joseph et l'Epoux de Marie consiste en ce que l'un et l'autre furent obligés, par les sourdes menées de l'envie, à fuir en Egypte, double événement qui met en relief un grand mystère à la gloire de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Le premier est la trahison de Judas, préfigurée par la conspiration des frères de l'ancien Joseph; le second est la libération du Rédempteur du monde, effectuée par la sollicitude de saint Joseph. En même temps, quel exemple de charité envers le prochain et d'amour des ennemis, ne nous donnent les deux Joseph! Le premier, pardonnant spontanément et de tout cœur à ses frères qui l'avaient vendu, leur dit ouvertement [38]: « Ne craignez point: je vous nourrirai, vous et vos enfants »; le second, portant en exil le Sauveur du monde, le conserva, pour le salut de ses persécuteurs, lui qui devait être pour eux, comme pour tous, « le froment des élus [39] ».
Mais c'est surtout la pratique d'une chasteté inviolable qui fait ressortir tout particulièrement la ressemblance qu'il y a entre Joseph fils de Jacob et le père putatif de Jésus-Christ. Les paroles de saint Ambroise, par rapport à l'ancien Joseph, sont vraiment remarquables. « Plusieurs genres de vertus ornèrent son âme, dit-il[40]; mais celle qui resplendit plus particulièrement en lui est la chasteté... Que l'on nous propose donc saint Joseph comme un miroir de chasteté; car, dans ses mœurs et dans toutes ses actions, on voit reluire la pudeur, qui est comme une compagne de la chasteté et un reflet de la grâce. »
Dans l'ancien patriarche Joseph, la chasteté se manifesta en ceci, qu'il ne craignit pas de dénoncer le crime de ses frères, et de soutenir courageusement un combat mortel contre les suggestions de l'impudique femme de Putiphar. Le nouveau Joseph, lui, fut choisi, entre tous, à la dignité d'Epoux de la Reine des Vierges; de plus, ignorant les opérations de l'Esprit Saint en Marie, il voulut la licencier, montrant par là combien la sainte virginité lui était à cœur : aussi, osons-nous affirmer dès maintenant, chose que nous démontrerons plus tard[41], que saint Joseph a toujours conservé une chasteté parfaite.
Un autre point de ressemblance entre les deux Joseph, se trouve dans ce fait que l'un et l'autre, choisis par Dieu pour occuper des places les plus élevées, nous apparaissent comme jouissant chacun dans un ordre différent, d'une puissance immense. L'ancien Joseph, mû par l'esprit de prophétie, avait proféré ces paroles [42] : « Je voyais (en songe), ma gerbe se lever et se tenir debout, tandis que les vôtres, entourant la mienne, l'adoraient... J'ai vu en songe le soleil, la lune et onze étoiles qui m'adoraient. » Plus tard, délivré de la prison et investi d'un grand pouvoir sur tout le peuple, il se vit proclamer par Pharaon le second de son royaume, invité à monter sur son chariot, tandis qu'un héraut ordonnait à tous de plier le genou devant lui et de le reconnaître comme chef de toute la terre d'Egypte. Or, qu'était donc une si grande autorité, sinon un symbole de la faveur illimitée dont dispose saint Joseph, à qui Jésus et Marie furent soumis sur la terre[43], et auquel la divine Providence a accordé, dans le ciel, une si grande puissance d'intercession ?
Mais, c'est surtout dans l'exercice de la sagesse et de la prudence, que nous trouvons des points de ressemblance remarquables entre l'ancien et le nouveau Joseph. De celui-là il est dit qu'il interpréta les songes de Pharaon par rapport aux sept vaches grasses et aux sept épis pleins, et que le roi, pour ce motif, le déclara plus sage que tous ses autres devins[44]. Secondement, afin de subvenir à la misère du peuple qui manquait de pain, l'ancien Joseph ordonna que le blé fût réuni dans les greniers de l'Egypte, en suite de quoi Pharaon changea son nom et l'appela, en langue égyptienne, le Sauveur du monde[45]. Troisièmement, ayant fait venir en Egypte son père et ses frères, Joseph introduisit dans ce pays le culte du vrai Dieu[46].
Pareillement le nouveau Joseph reçut plusieurs fois des communications divines, en vue du gouvernement de la sainte Famille. De plus, pour le bien de l'humanité, fatiguée et tourmentée par une famine spirituelle causée par le péché, il conserva sain et sauf Jésus-Christ, le Sauveur du monde et le pain de nos âmes, ce qui fait dire à saint Bernardin de Sienne [47]: « C'est avec raison que saint Joseph a été annoncé dans l'ancien Patriarche du même nom, celui qui conserva le froment pour le salut des peuples. Il a cependant, sur celui-ci, cet avan­tage, qu'il ne fournit pas seulement le pain de la vie corporelle aux Egyptiens; mais, à tous les élus, il a assuré le pain du ciel qui donne la vie céleste, nourrissant avec le plus grand soin Jésus-Christ, le pain de nos âmes. » Enfin, ce ne fut pas dans la seule Egypte que saint Joseph introduisit la vraie foi, quand il se rendit dans ce pays avec le Christ, mais ce fut dans le monde entier, et cela par le fait même qu'il a nourri et préservé de la mort Jésus-Christ, le Pontife de la foi que nous professons[48].
C'est donc en toute vérité que nous pouvons appliquer à l'Epoux de Marie ces paroles du livre de la Sagesse dites de l'ancien Joseph dans le sens littéral premier ou fondamental [49]: « (La sagesse) n'a pas abandonné le juste lorsqu'il fut vendu, mais elle l'a délivré des pécheurs; elle est descendue avec lui dans la fosse, et ne l'a pas quitté dans les chaînes. »
Citons, pour terminer, le beau passage de saint Bernard, où il fait ressortir le parallèle entre les deux Joseph. « L'ancien Joseph, dit-il[50], vendu par la jalousie de ses frères et conduit en Egypte, a préfiguré la vente de Jésus-Christ; le second, fuyant la jalousie d'Hérode, porta Jésus-Christ en Egypte. Celui-là resté fidèle à son seigneur, ne voulut pas commettre la faute à laquelle la femme de son maître l'invitait; celui-ci, reconnaissant son épouse comme la Mère de son Seigneur, et lui-même observant la continence, la garda fidèlement. A celui-là fut donnée en songe l'intelligence des mystères; celui-ci reçut le don de connaître les sacrements, célestes et d'y participer. Celui-là conserva le froment, non pour soi, mais pour tout le peuple : celui-ci reçut du ciel la garde du pain divin, pour soi-même et pour tout le monde. »

****« Jésus règne, Marie gouverne, Joseph administre » (Marguerite du Saint-Sacrement, carmélite à Beaune [1619-1648]).

****« Le Seigneur a réuni en Joseph, comme dans un soleil, tout ce que les saints ont ensemble de lumière et de splendeur » (saint Grégoire de Nazianze, Docteur de l’Eglise [329-390]).

****Le Seigneur veut nous faire entendre que de même qu'Il fut soumis sur terre à celui qu'on appelait son père, qui était son père nourricier, et qui à ce titre pouvait lui commander, Il fait encore au ciel tout ce qu'il lui demande. (Sainte Thérèse d'Avila [1515-1582])

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