Monday, August 19, 2013

LE GLORIEUX PATRIARCHE SAINT JOSEPH, par Saint Jean Chrysostome

Sur  Voie Mystique

Saint Jean Chrysostome (344-mort en 398 ou 407) 
On estime qu’avec Saint Jean Chrysostome la théologie de Saint Joseph ou Joséphologie, est déjà complète.[8] Faisant l’exégèse du mot “juste” appliqué à Saint Joseph, il montre que “juste” veut dire ici: possédant toutes les vertus: “La justice est la vertu complète.”  C’est spécialement dans ce sens que l’Écriture emploie ce mot quand elle dit notamment de Job: “un homme juste et sincère.” 
Parce qu’il est juste, Joseph est un parfait observateur de la Loi.
“Ce coeur généreux est tellement exempt de passions qu’il ne veut pas, même sous le coup des apparences les moins équivoques, livrer sa femme au châtiment. Aurait-il méconnu les prescriptions légales sous l’impulsion de la volupté? Par sa sagesse, il s’élevait plus haut que la Loi: car renvoyer sa femme en secret, c’était montrer une sagesse que la loi ne prescrivait pas..”  
Et Saint Jean Chrysostome ajoute: “Vous n’ignorez pas en effet ce que c’est que la jalousie. Quelqu’un qui la connaissait bien a pu dire: “L’homme jaloux est un être furieux: il ne pardonnera pas au jour de la vengeance.” (Proverbes, VI, 34) et encore: “La jalousie est implacable comme l’Enfer.” (Cant VIII, 6)  Et nous-mêmes assurément, nous avons connu beaucoup de personnes qui eussent mieux aimé perdre la vie que subir les soupçons de la jalousie.”
“Joseph est si pur et si exempt de passion qu’il ne veut même pas affliger Marie dans la moindre chose. Comme, d’une part, il aurait cru violer la Loi en la retenant chez lui, et que, de l’autre, la déshonorer et l’appeler en jugement, c’était l’exposer à la mort, il ne fait ni l’un ni l’autre, mais il tient une conduite qui est déjà bien supérieure à la Loi ancienne. Il convenait qu’aux approches de la grâce du Seigneur parussent déjà beaucoup de preuves d’une perfection plus haute.”
Joseph ne pouvait pas garder Marie chez lui; il ne pouvait pas non plus la dénoncer, et, par-là même, la livrer à la lapidation. Il fut “juste” dans toute la force du terme. Il dépasse de loin en sa justice, l’Ancien Testament, et il annonce l’ère du Christ.“Voilà pourquoi, dit Jean Chrysostome, les prophètes tressaillaient de bonheur avant sa naissance (celle du Christ), les femmes prédisaient l’avenir, Jean se mouvait dans le sein de sa mère. Joseph montra donc une grande perfection, puisqu’il n’accusa pas sa femme, ne lui reprocha rien et ne songeait qu’à la renvoyer. Dans de telles conjonctures, un ange survint et résolut toutes les difficultés... L’Ange vint quand Joseph était dans le trouble; car il avait différé jusque-là, et pour les motifs que nous avons signalés et pour que la philosophie du Juste brillât d’un plus vif éclat... Retiens, dit l’Ange, cette épouse que tu voulais renvoyer, car Dieu même te la donne, et non ses parents. Il te la donne non pour l’union charnelle, mais seulement pour demeurer avec toi; il l’unit à toi par moi qui te parle.”
Ainsi, comme le Christ confiera plus tard sa Mère au disciple bien-aimé, l’Ange la confie maintenant à son époux afin qu’elle soit consolée par ce mariage. Ainsi l’Ange,“en  exposant à Joseph, avec respect et grande dignité, la cause de la maternité de Marie, il éteint directement en lui toute suspicion.”  L’Ange ajoute: “Marie est pure de tout commerce illicite, mais sa fécondité est au-dessus des lois de la nature. N’éprouve donc aucune tristesse de la conception si heureuse de ton épouse, mais livre-toi à une grande allégresse, car ce qui a été engendré en elle est de l’Esprit-Saint.”
Pourtant Joseph ne sera pas dispensé des charges qu’implique toute paternité. Bien qu’il ne soit pas le père de l’Enfant et que Marie soit toujours vierge, Joseph reçoit la qualité de père et aura le pouvoir de lui donner son nom.“C’est toi qui lui donnera son nom; bien qu’il ne soit pas ton fils, tu ne laisseras pas d’avoir pour lui l’affection et le soin d’un père. C’est pour cette raison que je te permets de le nommer toi-même, afin de t’unir très étroitement avec cet Enfant.”  [9]
Comme les pères qui l’avaient précédé, Saint Jean Chrysostome montre pourquoi il fallait un époux à Marie, bien que la naissance du Christ dût être virginale, et pourquoi il fallait un père légal à Jésus: “Quelle est cette disposition admirable?  dit-il. “Elle consistait à protéger la Vierge en la mettant à l’abri de tout odieux soupçon. En effet, si les juifs avaient su tout cela, nul doute qu’ils ne l’eussent mal interprété, pour se donner le droit de condamner et de lapider la Vierge comme adultère. S’ils avaient montré tant de fureur, dans de nombreuses scènes qui nous sont rapportées par l’Ancien Testament;  s’ils traitaient  le Christ de démoniaque, quand il chassait les démons, et le déclaraient l’ennemi de Dieu parce qu’il guérissait un malade le jour du sabbat, bien que le repos de ce jour eût été plus d’une fois violé, que n’auraient-ils pas dit en apprenant une telle chose? L’histoire entière du genre humain aurait milité pour eux, vu qu’il n’était  jamais arrivé rien de semblable. Ils s’obstinaient à l’appeler fils de Joseph, alors même qu’il avait accompli tant de miracles: comment auraient-ils  cru qu’il était né d’une Vierge, avant que ces miracles fussent accomplis?...”
C’est pourquoi le rôle dévolu à Joseph était moralement nécessaire.  Encore fallait-il remplir ce rôle avec une loyauté, une droiture, une “justice” inflexibles! Et c’est ce qui fait la grandeur de l’homme. On peut admirer aussi l’esprit de foi, l’obéissance et la promptitude de Joseph. “Il est évident, affirme Jean Chrysostome, que le Juste n’osa jamais approcher de celle qui était devenue mère par un prodige si glorieux et dont l’enfantement était sans exemple dans les générations humaines. ..”
Saint Jean Chrysostome fait dire à l’Ange: “... Parce que l’Enfant vient de l’Esprit-Saint, tu ne dois pas te persuader que tu n’as aucun concours à donner à l’oeuvre providentielle. Étranger à la génération, en face d’une Vierge Immaculée, tu dois remplir les devoirs du père. Je te charge de donner un nom à l’Enfant, tout en respectant l’honneur de la mère. Oui, c’est toi qui donneras ce nom, bien qu’il ne soit pas ton fils. Tu t’acquitteras envers lui des devoirs de père. Tu te regarderas comme tel, je te l’ordonne, et déjà quand il faudra lui donner un nom.”
Remarque:
Le grand prédicateur du XVIIe siècle que fut Bossuet, a très bien compris l’esprit de Jean Chrysostome. Il dit notamment: ”Saint Jean Chrysostome remarque dans l’Évangile que partout Joseph y paraît comme père. C’est lui qui donne le nom à Jésus, comme les pères le donnaient alors;  c’est lui que l’Ange avertit de tous les périls de l’Enfant, et c’est à lui qu’il annonce le temps de retour. Jésus le révère et lui obéit... C’est que c’était un conseil de Dieu de donner au grand Saint Joseph tout ce qui peut appartenir à un père, sans blesser la virginité...
Je ne sais si je comprends toute la force de cette pensée, mais voici, si je ne me trompe,  dit encore Bossuet, ce que veut dire le grand Évêque... Jésus-Christ, venant  sur la terre pour se rendre semblable aux hommes, comme il voulait bien avoir une mère, il ne devait pas refuser, ce semble, d’avoir un père tout ainsi que nous et de s’unir à notre nature par le noeud de cette alliance. Mais la Sainte Virginité s’y est opposée, parce que les prophètes avaient promis qu’un jour le Sauveur la rendrait féconde; et puisqu’il devait naître d’une vierge mère, il ne pouvait avoir de père que Dieu. C’est par conséquent la virginité qui empêche la paternité de Joseph... Marie ne concevra pas de Joseph, parce que la virginité y serait blessée, mais Joseph partagera avec Marie ces soins, (ceux nés de la maternité et de la paternité) ces veilles, ces inquiétudes, par lesquelles elle élèvera ce divin Enfant, et il ressentira pour Jésus cette inclination naturelle, toutes ces émotions, tous ces tendres empressements d’un coeur paternel.”[10]
Pour conclure avec Jean Chrysostome, disons que, lorsqu’il parle de Joseph, père légal  de Jésus, il dit: “II eut part à toute l’économie du salut.” 

Sur  Voie Mystique

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